Sylvain Lévesque >
Pour la première fois en 50 ans, ce ne sera pas la question nationale qui occupera toute l’attention de la prochaine élection. Le PQ ayant mis de côté la menace d’un référendum avant 2022, le PLQ ne pourra pas agiter la peur de la souveraineté pour se faire élire.
Je vous pose la question, et soyez honnête en y répondant. Qu’est-ce qui soulève les passions depuis quelques années aux Québec? L’économie? La santé? L’éducation? Non, c’est la question identitaire.
Un climat créé par les libéraux
Depuis 15 ans, le laisser-aller du PLQ sur le «vivre-ensemble» a créé ce climat. La commission Bouchard-Taylor n’a abouti à rien, les accommodements déraisonnables ont continué à se multiplier. L’actuel gouvernement dirigé par Philippe Couillard pousse de plus en plus le bouchon du multiculturalisme en proposant :
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- Le projet de loi avorté qui visait à interdire les discours haineux, qui aurait limité la liberté d’expression
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- La non-loi sur la neutralité religieuse (et sur le visage à découvert pour recevoir un service public)
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- La proposition de tenir une commission sur le racisme systémique(Qui fut remplacé par une commission sur l’emploi des immigrants)
Sans oublier l’attitude générale du premier ministre envers ses adversaires qui tente d’accoler l’étiquette de l’intolérance (lire ici raciste) à tous ceux qui voudraient remettre en question la méthode libérale.
La question de l’urne en 2018?
J’ose prétendre que les Québécois sont accueillants et ouverts à l’immigration, mais ils ne sont clairement pas favorable à ce multiculturalisme qui est incarné par les Justin Trudeau, Philippe Couillard et le désormais ex-maire de Montréal Denis Coderre.
À l’automne 2018, les électeurs se demanderont comment répondre aux défis que représentent le vieillissement de la population et la pénurie de la main-d’œuvre, deux solutions se dessinent : une hausse des naissances ou l’augmentation de l’immigration.
L’annonce de la politique nataliste de la CAQ ce week-end à Sherbrooke a pris tout le monde par surprise. Personne n’avait vu venir François Legault. Ce dernier a décidé d’incarner celui des bébés, laissant le champ de l’immigration à Philippe Couillard. Le PQ se retrouve coincé sur la question.
Le PLQ sait que la CAQ marque des points avec cette idée. La virulence de Philippe Couillard en témoigne dénonçant même le retour des «Bébés bonus», une politique qui avait été mise en place par… le libéral Robert Bourassa. Avant de critiquer, le chef du PLQ devrait aussi regarder dans sa cour, car, l’aile jeunesse de son parti avait proposé sensiblement la même chose que la Coalition avenir Québec en août 2015 (voir texte ici).
La CAQ a frappé un grand coup. Il consolidera son vote « famille » et classe moyenne avec cette proposition. Il risque même d’accroître ses appuis auprès des communautés culturelles, ceux-ci ayant souvent des familles plus nombreuses que les Québécois dits «de souches». Je crois même que plusieurs aînés pourraient voir d’un bon œil la vision caquiste, ayant eux-mêmes pour la plupart vécu la période des grandes familles de l’après-guerre.
Le mot de la fin, je le donne à mon collègue Mathieu Bock-Côté dans son texte Des bébés pour le Québec : «Il faut vraiment que notre société soit culturellement déréglée pour que la simple idée de favoriser une relance de la natalité paraisse scandaleuse.»