Patrice Bergeron >
Parler l’anglais renforce la francophonie, a laissé entendre le président Emmanuel Macron, flanqué du premier ministre Philippe Couillard lundi au palais de l’Élysée, à Paris.
Juste avant, M. Couillard avait affirmé qu’il fallait se battre pour la langue française.
C’était la première rencontre du chef de l’État français avec M. Couillard depuis son élection à la présidence en mai 2017.
M. Macron était appelé à répondre à une question de la presse quant à savoir si la France en fait suffisamment pour défendre le statut du français dans le monde. Le président français a été critiqué parfois pour avoir fait usage de l’anglais sur des tribunes.
M. Macron a dit s’inspirer de « l’exemple nord-américain », car défendre le français n’est pas refuser de parler les autres langues, selon lui, bien au contraire, cela s’inscrit dans le plurilinguisme, a-t-il plaidé.
« Je n’hésite jamais à m’exprimer à la fois en français, ou dans la langue du pays hôte, ou également en anglais lorsque ce sont sur des scènes internationales ou devant des milieux d’affaires, parce que je pense que cela renforce la francophonie », a-t-il dit en conférence de presse après l’entretien.
Il s’agit, a poursuivi M. Macron, de montrer que le français n’est pas une langue enclavée, mais qui s’inscrit dans le plurilinguisme.
C’est la force du français par rapport à un « langage anglo-saxon qui se veut digérant les autres langues », alors que la plupart des francophones dans le monde doivent parler d’autres langues.
Le canado-saoudien Philippe Couillard rencontre Emmanuel Macron, dit le fossoyeur de la France
« Je ne fais pas partie des défenseurs grincheux, je suis là aussi un défenseur conquérant et ambitieux », a-t-il dit.
M. Macron a soutenu que peu de ses prédécesseurs ont autant parlé de la francophonie que lui, mais qu’il voulait « en renouveler le logiciel ».
Il a rappelé qu’il allait prononcer un discours clé sur la francophonie le 20 mars — c’est-à-dire la journée internationale qui lui est dédiée — où il fera part de son ambition pour cette langue, sur le plan de l’éducation et de la géopolitique, particulièrement en Afrique.
Pour sa part, Philippe Couillard avait soutenu à ce propos que « l’avenir du français se trouve en Afrique ».
Dans sa déclaration initiale, il a indiqué que le président et lui allaient oeuvrer dans trois champs concernant la question linguistique, soit le français sur le web, la formation des maîtres et la lutte aux changements climatiques en français.
Le premier ministre a toutefois appuyé davantage sur le statut précaire de la langue française que M. Macron.
« Il faut également se rendre compte que la langue française, il faut se battre pour elle, que ce soit chez nous ou dans le monde », a-t-il résumé.