Marc Bellemare >
En juin 2002, il y avait eu une série d’élections partielles où l’ADQ avait bien performé. Les libéraux n’en avaient pas gagné une seule.
Ils ont commencé à avoir peur d’être dépassé comme gouvernement en attente et ont accéléré leurs approches auprès de différents candidats, dont j’étais. « Dans la région de Québec, on a besoin de gens pour parler au monde. Tu as été l’avocat des victimes et des citoyens ordinaires, on a besoin de toi. »
Le 4 novembre, Jean Charest prenait un engagement révolutionnaire, rejoignant une bataille que je mène depuis des années : revoir le principe du no-fault pour permettre aux victimes d’accident de poursuivre les chauffards.
Cette promesse m’avait convaincu. En décembre, j’ai accepté d’être candidat, même si tout le monde me disait que les libéraux ne respectaient pas leurs promesses.
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Marc Bellemare a été ministre de la Justice entre 2003 et 2004
Déception sur déception
Le 14 avril, nous avons remporté les élections et j’ai été élu dans Vanier par plus de 4500 voix.
Quelques jours plus tard, Jean Charest me convoque à Montréal. Il me dit : « Je t’envoie à la Justice. » Je lui demande s’il a informé les ministres sectoriels qu’on allait faire une vaste réforme des régimes d’indemnisation. Transport, Santé, Régie des rentes ; beaucoup de secteurs seraient affectés. « T’es capable de les convaincre », m’a-t-il répondu.
J’ai été vraiment surpris. Pourquoi aurais-je à les convaincre de réaliser notre plate-forme électorale ?
Il faut se rappeler que le programme libéral de 2003 était peut-être le plus à droite qu’on avait vu au Québec depuis la Confédération. On dénonçait la bureaucratie d’un État tentaculaire, loin du citoyen. On promettait un milliard de baisses d’impôts par année et, évidemment, la fin du no-fault pour les chauffards, mais rien de tout ça ne s’est fait.
Pour y arriver, il aurait fallu que Jean Charest se tienne debout devant les syndicats, ce qu’il n’a pas fait.
Ce fut donc déception sur déception. J’ai compris que le mensonge fait partie de l’ADN des libéraux. C’est une culture de base.
La déception a été totale pour Marc Bellemare
Plus utile comme avocat
Je me suis aussi aperçu que je pouvais faire moins comme ministre que comme avocat. Dans mon bureau de circonscription, je recevais des personnes accidentées ou aux prises avec le système. Si j’intervenais pour les aider, j’indisposais tantôt le ministre des Transports, responsable de la SAAQ ; tantôt le ministre du Travail, responsable de la CSST ; tantôt le ministre de la Solidarité sociale, responsable de la Régie des rentes.
J’avais été candidat pour une clientèle vulnérable. Les victimes, c’est mon monde. J’étais mal à l’aise de ne pas être capable de livrer ce pour quoi je m’étais engagé.
Après un an, j’en suis venu à la conclusion que je serais plus utile comme avocat.
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