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Le gouvernement grec a fait savoir que son pays allait reprendre 1500 demandeurs d’asile à l’Allemagne. Berlin entend en outre classer les pays du Maghreb parmi les pays «sûrs» pour accélérer les expulsions de migrants originaires de cette région.
Manifestation du tournant de la politique migratoire allemande, voulu par le ministère de l’Intérieur Horst Seehofer ? «Le premier semestre 2018, il y a eu 1 500 demandes de reprises [de demandeurs d’asile arrivés en Europe par la Grèce] par l’Allemagne, elles seront acceptées», a déclaré le 18 juillet Dimitris Vitsas, ministre grec de la Politique migratoire, le 18 juillet en conférence de presse. En d’autres termes, la Grèce va reprendre 1500 demandeurs d’asile d’Allemagne.
Des accords ont été passés en ce sens entre les deux pays, ainsi qu’avec l’Espagne, lors du sommet européen sur la gestion migratoire de fin juin. Ceux-ci prévoient un reprise par l’Espagne et la Grèce de demandeurs d’asile interpellés à la frontière germano-autrichienne, seulement si ces migrants ont déjà été enregistrés dans les bases de données européennes EURODAC.
Les pactes passés entre Etats de l’UE doivent aider à «trouver une solution unique européenne pour le règlement du flux migratoire et limiter les actes unilatéraux», a également souligné Dimitris Vitsas, alors que les dissensions entre Européens demeurent au sujet de l’accueil des migrants.
En échange de la prise en charge des premiers migrants retournés, Berlin a promis à Athènes d’accepter 2 900 candidats au regroupement familial, selon le ministre grec. L’Allemagne a déjà accepté 2 000 de ces demandes.
La Grèce peine toujours à prendre en charge quelque 60 000 migrants et réfugiés bloqués sur son territoire depuis la grande vague migratoire commencée en 2015.
L’Allemagne veut accélérer les expulsions de migrants maghrébins
Le même jour, en Allemagne, le conseil des ministres allemand a adopté un projet de loi visant à qualifier le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et la Géorgie de «pays sûrs». Un premier projet de loi similaire avait été rejeté l’an dernier par la chambre haute du Parlement, le Bundesrat, faute d’avoir trouvé une majorité en raison de l’opposition des Verts et de la gauche dure Die Linke.
Concrètement, le gouvernement veut inscrire ces trois pays du Maghreb et l’ancienne république soviétique sur sa liste des pays dits «sûrs», comme c’est déjà le cas pour les pays des Balkans non membres de l’Union européenne, ce qui permettrait aux services d’immigration de rejeter de façon quasi-automatique les demandes d’asile de leurs ressortissants, sans même avoir à motiver ces refus.
Berlin justifie cette décision par le fait que les demandes d’asile en provenance de ces pays sont déjà rejetées à plus de 99% pour la Géorgie et l’Algérie. Seuls 2,7% des demandes d’asile de Tunisiens et 4,1% des requêtes de Marocains ont reçu une réponse positive des autorités allemandes en 2017.