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Bonne fête de Dollard : Un martyr qui sauva la colonie de la barbarie iroquoise

André Vachon >

Adam Dollard des Ormeaux, nommé Daulat dans l’acte de décès et Daulac par quelques historiens –, soldat, « commandant en la garnison du fort de Ville-Marie », né en 1635, tué par les Iroquois au Long-Sault en mai 1660.

On ne connaît rien de l’activité de Dollard antérieure à son arrivée au Canada, sinon qu’« il avait eu quelques commandements dans les armées de France ». Venu à Montréal comme volontaire, très probablement en 1658, il y poursuivit sa carrière militaire. En 1659 et 1660, il était qualifié « officier » ou « commandant en la garnison du fort de Ville-Marie », titre qu’il partageait avec Pierre Picoté de Belestre. On ignore du reste quelle était sa responsabilité particulière. Dollard songeait peut-être à s’établir. À la fin de 1659, Chomedey de Maisonneuve lui donna une terre de 30 arpents. En 1661, on estimait à 79,10s. la somme que Dollard avait consacrée « À faire Travailler sur lad. Concession », « pour Cinquante Trois journées d’homme ».

À Montréal, Dollard jouissait d’une excellente réputation. Les témoignages directs, il est vrai, en sont peu nombreux : la Relation le dit « homme de mise et de conduite » ; et Dollier de Casson*, « garçon de cœur et de famille ». Mais Dollard avait mérité la confiance du gouverneur et l’estime de ses concitoyens. À qui connaît le climat social et religieux de Ville-Marie en 1660, faut-il meilleure recommandation ? Il eût été impensable, par exemple, que Maisonneuve promût commandant de la garnison un officier dont la conduite n’eût pas été irréprochable. Lambert Closse l’eût-il choisi pour parrain de sa fille Élisabeth (3 octobre 1658) ; eût-on, vingt fois, réclamé sa présence comme témoin lors de la signature, devant Bénigne Basset, de conventions de toutes sortes, si Dollard n’avait été un homme parfaitement honorable ? Maisonneuve, enfin, l’eût-il laissé partir pour le Long-Sault, en avril 1660, s’il n’avait eu en lui la plus entière confiance ?

Certes, on a beaucoup médit de Dollard, voleur de fourrures et forte tête. Ces accusations, toutefois, ne s’appuient sur aucune preuve documentaire et sont de surcroît contredites par les faits. Mais la tentation était belle d’épiloguer : Dollard « eüt été bien aise de se pouvoir distinguer, écrit Dollier de Casson, pour que cela pût lui servir à cause de quelque affaire qu’on disait lui être arrivée en France ». Quelles étaient la nature et la gravité de cette « affaire » ? Nous n’en savons rien. Il serait peu raisonnable d’échafauder des hypothèses sur une donnée aussi fragile et qui a tout l’air de on-dit. Qu’il suffise de constater que Dollard menait, à Montréal, une vie rangée et qu’il était bien vu de ses supérieurs et de ses concitoyens.

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Buste de Dollard des Ormeaux par Alfred Laliberté

L’interprétation classique

Du fait d’armes de 1660, il existe une version traditionnelle, bien que relativement récente. Au xviie siècle, le souvenir de Dollard et de la défense du Long-Sault s’était vite perdu. Près de deux siècles durant, à l’exception du jésuite Charlevoix* et de François-Xavier Garneau*, qui lui consacrèrent chacun un bref paragraphe, historiens et chroniqueurs ignorèrent cet épisode de la guerre iroquoise. Ce n’est qu’au xixe siècle, à la suite de la découverte du manuscrit de l’Histoire du Montréal de Dollier de Casson, que les abbés Jean-Baptiste Ferland et Étienne-Michel Faillon firent du combat de 1660 des récits circonstanciés où l’émotion et la grandiloquence – chez Faillon particulièrement – n’étaient pas absentes. Dollard et ses compagnons, « qu’on était tenté de vénérer comme des martyrs de la foi » (Ferland), marchaient sciemment à la mort pour sauver la religion et la patrie. Du coup, les Dix-Sept prenaient stature de héros nationaux : « Ces braves firent […] le plus beau fait d’armes dont il soit parlé dans l’histoire moderne » ; bien plus, « dans les histoires des Grecs et des Romains, rien n’est comparable à l’action de ces braves » qui « ont sacrifié leur vie pour les motifs purs de la foi » (Faillon).

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Le départ vers l’Outaouais

Les documents établissent sans doute possible le caractère militaire de l’expédition du Long-Sault ; mais c’est une entreprise militaire à la mode amérindienne. La « petite guerre » consiste pour un « parti » – quelques dizaines d’hommes tout au plus – à « cour sur les petittes bandes » ennemies et à leur « dresser des embusches », dans le but de les « anéantir » ou de faire des prisonniers. Guerre de surprise essentiellement, où la patience et l’endurance doivent s’allier au courage et à la ruse ; guerre qui a ses exigences et ses lois. L’ennemi repéré, l’on se met à l’affût, attendant le moment de l’attaquer à l’improviste, si l’on est le plus fort ; si l’adversaire est supérieur en nombre, il est de règle de se dérober au combat. Véritable chasse au gibier humain, parfaitement adaptée aux forêts de la Nouvelle-France. Dollard partait pour la petite guerre ; mais il n’avait pas laissé au hasard le soin de tracer son itinéraire. Il pointa ses canots vers le Long-Sault, « passage infaillible [des Iroquois] au retour de leurs chasses ».

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Son projet ayant reçu « l’approbation et l’agrément de ceux qui commandaient », Dollard consacra vraisemblablement une partie de l’hiver à se préparer, recrutant des volontaires et s’approvisionnant « pour tout l’été ». Lambert Closse, Charles Le Moyne et Pierre Picoté de Belestre auraient aimé se joindre à lui, si Dollard eût consenti à « différer son entreprise jusqu’après les semences » ; mais Dollard refusa, d’autant qu’il aurait dû céder « l’honneur du commandement ». Le départ fut fixé au 19 avril.

À peine les canots eurent-ils pris le large, au jour dit, que des clameurs se firent entendre à l’île Saint-Paul, en face de Montréal. S’y portant à la hâte, la troupe de Dollard força un parti d’Iroquois à se disperser dans les bois, trop tard cependant pour sauver les trois Français victimes de cette attaque : Nicolas Duval avait été tué et ses compagnons, Blaise Juillet et Mathurin Soulard, s’étaient noyés en tentant d’échapper à l’ennemi. Confisquant le canot iroquois, Dollard ramena à Ville-Marie le corps de Duval et assista probablement aux obsèques, le lendemain. Au second départ, l’expédition comptait un dix-septième volontaire qui, après avoir manqué à sa parole la veille, venait de se raviser.

[…]

Émile Brunet, Dollard des Ormeaux, façade du pavillon Gérard-Morisset, Musée national des beaux-arts du Québec

Le combat du Long-Sault

Ayant atteint le pied du Long-Sault (1er mai), Dollard installa tant bien que mal sa troupe dans un fort abandonné que des Algonquins avaient construit, l’automne précédent, sur une petite hauteur. Le lendemain, dimanche, des éclaireurs aperçurent quelques Iroquois, venant à la découverte, qui prirent aussitôt la fuite. L’annonce de cette rencontre créa un certain émoi parmi les Hurons, dont l’un insista même pour que l’on retournât incontinent à Montréal ; on convint finalement de « faire le jour suivant une contre-palissade pour fortifier celle qu’ils avaient trouvée ». Mais l’ennemi, alerté par ses avant-coureurs, ne leur en donna pas le loisir : la « hache à la ceinture », « le fusil à la pointe du Canot & l’aviron à la main », 200 (al. 300) Onontagués débouchaient bientôt sur la rivière. « Surpris d’une si prompte et si reglée démarche », Dollard et ses hommes, abandonnant les préparatifs de leur repas, s’enfermèrent précipitamment dans le fort. De part et d’autre, la fusillade éclata, sans même que l’on eût le temps de se reconnaître.

Après quelques salves, un capitaine onontagué s’avança, sans armes, pour savoir « quelles gens étaient dans ce fort et ce qu’ils venaient faire ». « Des Français, Hurons et Algonquins au nombre de cent hommes, lui fut-il répondu, qui [viennent] au-devant des Nez-Percés. » L’Iroquois proposa alors une trêve, le temps de tenir conseil ; désireux de renforcer leur abri, les Français acceptèrent, à condition que l’ennemi se retirât de l’autre côté de la rivière. Mais, loin de gagner l’autre rive, les Iroquois se mirent à élever des palissades, cependant que les alliés s’employaient à se fortifier le plus possible.

Dollard et les siens n’avaient certes pas prévu pareille rencontre. Ils avaient espéré trouver, à l’ordinaire, de petites bandes éparses de chasseurs. Or, exceptionnellement, en 1660, les Iroquois s’étaient rassemblés sur l’Outaouais, au retour de la chasse, parce qu’ils avaient rendez-vous dans les îles du Richelieu avec 500 guerriers qui les attendaient pour se lancer à l’attaque de la colonie française. C’était donc à un corps de l’armée d’invasion que Dollard se heurtait. Il n’était pas au bout de ses surprises.

Les alliés n’avaient pas fini de fortifier leur abri que déjà les Iroquois montaient à l’assaut. Un feu nourri les contraignit vite à reculer en désordre, en abandonnant sur le terrain des morts et des blessés. Quelques Hurons bondirent hors de la palissade, coupèrent la tête d’un capitaine onontagué et « l’érigèrent en trophée au bout d’une pique sur la palissade ». Furieux, les Iroquois firent une seconde tentative, attaquant les alliés par derrière, semble-t-il, pour les mieux surprendre. Cette fois encore, ils furent si vigoureusement repoussés que, de l’aveu des Onontagués eux-mêmes, si les alliés « les eussent suivis les battant en queue, ils les eussent tous perdus ». Peut-être, en n’ordonnant pas une sortie, Dollard commit-il l’erreur qui lui coûta la victoire.

À la suite de ce deuxième échec, les Onontagués dépêchèrent un canot aux îles du Richelieu pour solliciter le secours des 500 Agniers et Onneiouts qui les y attendaient. Ce renfort n’arriva que le cinquième ou le septième jour. Entre-temps, bien retranchés derrière leurs palissades, les Iroquois exerçaient une surveillance constante sur le fort des alliés, faisant feu chaque fois que quelqu’un tentait d’en sortir. Enfermés dans leur étroit réduit comme dans un piège, manquant presque totalement d’eau parce qu’ils étaient sur une colline, les Français et leurs alliés se trouvèrent bientôt dans une situation extrêmement pénible : « Le froid, la puanteur, l’insomnie, la faim et la soif les fatiguaient plus que l’ennemi. La disette d’eau était si grande qu’ils ne pouvaient plus avaler la farine épaisse dons les gens de guerre ont coutume de se nourrir en ces extrémités. Ils trouvèrent un peu d’eau dans un trou de la palissade, mais étant partagée à peine en eurent-ils pour se rafraîchir la bouche. La jeunesse faisait de temps en temps quelques sorties par-dessus les pieux, car il n’y avait point de portes, pour aller quérir de l’eau à la rivière à la faveur de quantité de fusiliers qui repoussaient l’ennemi ; mais comme ils avaient perdu leurs grands vaisseaux [abandonnés sur la plage à l’arrivée des ennemis], ils n’en portaient que des petits qui ne pouvaient fournir à la nécessité de soixante personnes, tant pour le boire que pour la sagamité. » Au surplus, les Hurons et les Algonquins se targuant de répondre à chaque décharge ennemie, les munitions commençaient à manquer.

 

Cérémonie au monument de Dollard des Ormeaux, Monrtéal, 1944

 

Telle était la situation précaire du parti de Dollard quand arrivèrent les 500 guerriers du Richelieu. Dès lors, il n’y avait plus à se faire d’illusions sur la tournure du combat. Aussi Annaotaha, le chef huron, proposa-t-il que, par le moyen d’un Onneiout « huronisé » de son groupe, l’on tentât d’obtenir « quelque bonne composition ». La suggestion acceptée, on chargea de présents l’Onneiout et deux Hurons « des plus considérables » et on les instruisit de ce qu’ils avaient à dire. Pendant que ces parlementaires se dirigeaient vers le camp ennemi, leurs compagnons d’armes faisaient des prières « pour recommander à Dieu l’issue de cette ambassade ». D’autre part, des Hurons « iroquoisés », qui faisaient partie de l’armée iroquoise, profitèrent de la trêve pour supplier leurs compatriotes du parti français d’abandonner un combat inégal pendant qu’il était encore temps, les assurant de l’accueil que leur réservaient les Iroquois. Plusieurs Hurons – 24 ou 30 – franchirent la barricade et passèrent dans l’autre camp. Espérant que la troupe entière déposerait les armes, des Iroquois s’approchèrent du fortin « à dessein de se saisir de ceux qui voudraient prendre la fuite ». Inquiétés par ce mouvement et peu confiants dans le résultat de l’ambassade, les Français ouvrirent le feu, renversant ceux qui s’étaient aventurés le plus près. Annaotaha reprocha vertement à ses compagnons leur précipitation : « Ah ! camarades vous avez tout gâté […]. À présent que vous les avez aigris, ils vont se ruer sur nous d’une telle rage que sans doute nous sommes perdus. » Le chef huron avait raison : en rompant la trêve avant que les pourparlers n’eussent échoué, les Français venaient de commettre une deuxième erreur.

Ainsi que l’avait prévu Annaotaha, les Iroquois, exaspérés, se lancèrent à l’assaut du fortin. Accueillis par une grêle de plombs, ils ne tardèrent pas à revenir, protégés de « mantelets [faits] de trois buches liées coste à coste, qui les couvroient depuis le haut de la teste jusqu’à la moitié des cuisses ». S’abritant derrière ces boucliers de fortune, plusieurs purent s’approcher de la palissade et se glisser « au-dessous des canonnières », où ils travaillaient à ouvrir des brèches. Conscients de ce nouveau danger, les Français « [démontèrent] deux canons de pistolets qu’ils [remplirent] jusqu’au goulet », y allumant une mèche, et s’en servirent comme de grenades, mais sans grands résultats. Ils songèrent alors à utiliser, de la même façon, un baril de poudre qui, heurtant un obstacle (haut de la palissade ou branche d’arbre), retomba en explosant à l’intérieur du fort. Profitant de cet accident, les Iroquois se saisirent des meurtrières et tirèrent de l’extérieur sur tout ce qui bougeait dans le réduit des Français. Un de ces derniers, « voiant que tout estoit perdu, & s’estant aperceu que plusieurs de ses compagnons blessez à mort vivoient encore, […] les acheva à grands coups de haches, pour les delivrer, par cette inhumaine misericorde, des feux des Iroquois. » Quand l’ennemi pénétra dans le fort, il n’y trouva vivants que cinq Français et quatre Hurons.

D’après Chaumonot, le combat du Long-Sault fut engagé le 2 mai ; il aurait duré sept jours selon Radisson et Chaumonot, huit selon Dollier de Casson et dix selon la Relation. Dollard et ses compagnons, si l’on excepte les cinq survivants tombés aux mains des ennemis, auraient donc péri entre le 9 et le 12 mai 1660. Un des prisonniers français fut torturé sur les lieux mêmes du combat ; les quatre autres, distribués entre les Agniers, les Onneiouts et les Onontagués, subirent le même sort un peu plus tard. Le 25 mai, à Montréal, Bénigne Basset procédait à l’inventaire des biens de Jacques Boisseau et, le lendemain, de René Doussin et de Jean Valets. Le 3 juin, l’abbé Souart rédigeait l’acte de décès des Dix-Sept. La nouvelle du désastre arriva à Québec le 8 juin, « sur la minuit ».

[…]

Reconstitution pour la Fête de Dollard, 1950

 

Interprétation contemporaine

Par leur résistance et leur mort au Long-Sault, Dollard et ses compagnons ont-ils sauvé la Nouvelle-France ? Les avis sont partagés, parce qu’on ne s’est pas entendu sur l’expression sauver la Nouvelle-France. Si on l’emploie dans son sens absolu et si on affirme que Dollard a épargné à la colonie une destruction certaine et qu’il a définitivement maté les Iroquois, il est évident que les Dix-Sept n’ont pas sauvé la Nouvelle-France ; mais si on donne à cette expression une signification relative et si on affirme que, dans cette circonstance particulière, Dollard a momentanément détourné de la colonie une grave menace, il ne fait pas de doute que les Dix-Sept aient sauvé la Nouvelle-France. Il faudrait ajouter, néanmoins, qu’ils l’ont fait d’une façon involontaire et par hasard, puisqu’ils n’avaient pas prévu de rencontrer sur l’Outaouais un corps de l’armée d’invasion dont ils ignoraient l’existence.

[…]

Radisson a bien dit qu’il tenait « pour certain que les Iroquois perdirent beaucoup d’hommes » ; mais c’est là une simple opinion qu’il faut du reste interpréter en se demandant ce que signifiait, à cette époque, perdre « beaucoup d’hommes ». Deux documents relatifs à l’affaire Dollard permettent de fixer un ordre de grandeur : la Relation de 1660 et un rapport hollandais daté du fort Orange le 15 juin 1660. À la fin du combat, raconte la Relation, les Iroquois « font le partage de leurs captifs : deux François sont donnez aux Agnieronnons, deux aux Onnontagueronnons, le cinquiéme aux Onneioutheronnons, pour leur faire goûter à tous de la chair des François, & […] les inviter à une sanglante guerre, pour venger la mort d’une vingtaine de leurs gens tuez en cette occasion. » Ce renseignement, le rédacteur de la Relation le tient de quelques Hurons survivants du Long-Sault. Dans le document hollandais, c’est la version des Iroquois eux-mêmes qu’on lira : « Il n’est rien arrivé de nouveau au sujet des sauvages ici, sauf que les Agniers et les Iroquois supérieurs, au nombre de six cents, ont attaqué un fort défendu par dix-sept Français et cent sauvages ; […] ils ont perdu quatorze personnes tuées ; dix-neuf furent blessés. » Une vingtaine de morts, voilà un bilan beaucoup plus vraisemblable que l’hécatombe dont parlent Dollier de Casson et Vachon de Belmont.

[…]

Comme tous les primitifs de l’Amérique du Nord, les Iroquois obéissaient aveuglément à des lois séculaires. À l’automne de 1660, par exemple, ayant mis sur pied une armée de 600 hommes, ils marchaient sur la Nouvelle-France. En cours de route, quelques guerriers se lancèrent à la poursuite d’un cerf. Un coup de feu destiné à l’animal tua le chef de l’expédition. Tirant mauvais augure de cet accident, l’armée rompit son dessein et se dispersa. Ce nouvel échec ne découragea pas les tenaces Iroquois : en 1661, ils semèrent la terreur dans la colonie, y tuant plus de 100 Français.

Grâce à un concours de circonstances, Dollard et ses compagnons ont donc, en 1660, détourné momentanément de son objectif l’armée iroquoise, permettant du même coup aux colons de faire la récolte et d’échapper à la famine, et à Radisson d’atteindre Montréal sain et sauf avec une cargaison de fourrures évaluée à 200 000. La mort des Dix-Sept ne fut pas inutile. Et leur mérite est grand. Les premiers, ils prirent l’offensive contre les Iroquois, en sortant des territoires habités pour détruire les bandes ennemies avant qu’elles ne frappent la colonie. Cette tactique était tout à fait nouvelle et, l’expédition du régiment de Carignan-Salières exceptée, elle ne fut reprise que beaucoup plus tard.

Il faut se garder, néanmoins, d’exagérer l’importance de cet épisode de la guerre iroquoise. Pendant les années héroïques de la Nouvelle-France, les affrontements étaient fréquents et les défenseurs de la colonie, valeureux. Plusieurs faits d’armes, pour être peu connus, n’en sont pas moins éclatants que celui des Dix-Sept. Seules l’atmosphère dont on a entouré le combat du Long-Sault et les polémiques auxquelles il a donné lieu expliquent, sans les justifier, la place considérable qu’il occupe dans l’historiographie canadienne aussi bien que la nature et la longueur de la présente étude. Dans le tableau du premier conflit franco-iroquois, on ne doit pas, au bénéfice de Dollard, reléguer à l’arrière-plan les Claude de Brigeac, les Jacques Godefroy de Vieux-Pont, les Jean de Lauson(fils) et surtout un Lambert Closse, qui ne lui cédaient pas en courage et en détermination.

À chacun il convient de reconnaître son mérite sans tenter d’ajouter à sa gloire.

> Lire l’article au complet sur le Dictionnaire biographique du Canada.

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