Marco Bélair-Cirino >
François Legault soutient avoir trouvé une astuce pour abolir les commissions scolaires sans se faire accuser de piétiner les droits constitutionnels de la minorité anglophone : créer une « commission scolaire » par école.
Le premier ministre a indiqué jeudi disposer d’avis juridiques sur son projet d’abolition des commissions scolaires. Favorables ou défavorables à la réforme qu’il a en tête ? Il s’est abstenu de le préciser. « Au pire, on pourrait avoir une “commission scolaire” par école anglophone. Ça répondrait à la loi », a-t-il lancé lors de l’étude des crédits budgétaires alloués au Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise, jeudi. « Est-ce qu’on est obligés d’aller jusque-là ? » a-t-il demandé aux membres de la Commission des institutions de l’Assemblée nationale.
En tout cas, le Quebec Community Groups Network (QCGN) l’en dissuade. « [M. Legault fait fi de] l’opinion des juristes qui, partout au Canada, ont regardé ces choses », a rétorqué le président du QCGN, Geoffrey Chambers, dans un entretien téléphonique avec Le Devoir. Selon lui, le gouvernement caquiste s’est entouré d’avocats pour le moins « créatifs ». « Des commissions scolaires qui règlent le fonctionnement des systèmes scolaires : c’est ce que nous voulons, c’est ce que nous avons le droit d’avoir. Pas les écoles », a-t-il insisté au téléphone.
Après avoir promis « de protéger les droits de la minorité anglophone et de bâtir les ponts avec ces membres importants [de la population québécoise] », François Legault a réitéré jeudi sa volonté de faire table rase des commissions scolaires dispersées sur le territoire québécois, y compris les neuf commissions scolaires anglophones. « Ce qu’on veut, c’est graduellement donner un budget à chaque école, et que ce soit l’équipe-école — la direction d’école, les enseignants, les spécialistes — qui décide de l’utilisation de ce budget », a-t-il soutenu, avant de jeter le doute sur la compétence des acteurs du réseau de l’éducation. Des commissaires scolaires « moins compétents » que d’autres occupent actuellement des postes décisionnels, a-t-il fait remarquer.