Dominique Scali >
Frustrés et inquiets pour leur avenir, la moitié des jeunes anglophones du Québec estiment que leurs relations avec les francophones sont conflictuelles, au point où certains décident de quitter la province.
« Ma fille est partie. Mes trois neveux aussi », énumère Dida Berku, conseillère municipale à Côte-Saint-Luc.
Un sondage Léger mené pour le compte du Journal dans la foulée du débat du « Bonjour, hi » et du Adidas Gate, l’automne dernier, fait état de frustrations dans la communauté anglophone. De nombreux jeunes rencontrés dans les dernières semaines ne sentent pas qu’ils ont un avenir au Québec et pensent partir. Un peu comme s’ils disaient « Au revoir, bye ».
Quant à l’ensemble des anglophones sondés, tous âges confondus, ils revendiquent davantage d’affichage bilingue et un accueil dans les deux langues.
Et la loi 101 ? Il est temps de l’assouplir, croit la majorité d’entre eux, qui pensent que le français n’est plus menacé comme il y a 40 ans (à lire demain).
Un jeune sur deux
Un anglophone sur trois estime que les relations entre francos et anglos sont plutôt conflictuelles. Cette statistique passe à près d’un répondant sur deux chez les jeunes de 18 à 35 ans.
Cet écart notable étonne Christian Bourque, vice-président exécutif chez Léger. La moitié des jeunes ont une perception qui n’est partagée que par une minorité dans la population anglaise, explique-t-il.
Un jeune sur trois considère même que les relations continueront à se dégrader.
Anthony Williams est président de l’association étudiante du collège Dawson. Il remarque que les jeunes anglophones sont souvent déçus lorsqu’ils tentent de percer sur le marché du travail québécois. Ils ont l’impression que leur français n’est pas à la hauteur. « C’est probablement de là que vient leur frustration », explique-t-il.