Joseph Facal >
Cette campagne électorale nous conduira, le 1er octobre, à l’un des scrutins les plus importants de l’histoire du Québec moderne.
D’abord, ce sera probablement la première élection depuis un demi-siècle pendant laquelle la question du statut politique du Québec ne sera pas au centre des discussions.
M. Lisée tente, au dernier moment, de réactiver la question. Il est terriblement tard. Il avait été prévenu.
Ensuite, si la CAQ l’emporte, nous porterions au pouvoir, pour la première fois depuis 1966, un parti autre que le PLQ ou le PQ.
Parenthèse ou nouveau paradigme? Nul ne le sait.
Enfin, si le PQ était laminé, la tâche de reconstruire le mouvement souverainiste serait colossale pour ceux qui voudraient s’y atteler.
Fierté
Dans ce contexte, la direction du Journal nous demande: «De quelle idée avons-nous besoin pour ramener la fierté au Québec?»
Bémol, ici: cette question est cruciale, mais ce n’est pas la question que la majorité des électeurs auront en tête en pénétrant dans l’isoloir.
Comme presque toujours, l’élection sera une sorte de référendum sur le gouvernement en place: le PLQ mérite-t-il d’être maintenu au pouvoir ou d’être remplacé, et, dans ce cas, par qui?
En temps et lieu, j’expliquerai pourquoi, selon moi, il mérite un retentissant congédiement.
Cela dit, on ne redonne pas fierté à un peuple en bouchant des nids-de-poule, en réduisant l’attente à l’hôpital de 15 minutes, en gagnant une décimale de PIB ou en produisant des diplômés supplémentaires.
Ne me comprenez pas de travers: tout cela est important et doit être fait.
Mais ce n’est pas cela qui redonnera aux Québécois ce sentiment que nous avions jadis, d’être en train de construire ensemble quelque chose de plus grand que nos petites vies.
Je persiste à dire que rien ne redonnerait davantage fierté aux Québécois que de se remettre en marche vers la souveraineté, un projet de société dans tous les sens du terme, menant à une condition jugée comme la normalité des choses par les peuples déjà souverains.
Nous
Comme cet horizon est bouché dans l’immédiat – et peut-être pour toujours –, la meilleure position de repli, dans les circonstances, est une défense forte de l’identité – donc de la spécificité – québécoise.
Cette identité n’est pas figée, elle change, elle a toujours changé, mais elle est porteuse de traits qui font que le Québec n’est ni l’Ontario ni le Delaware, et qui valent la peine d’être défendus.
Dans «identité», j’englobe: langue, culture, immigration, intégration, capacité de faire des politiques distinctes au sein du Canada et capacité de tracer un sillon qui nous soit propre dans la mondialisation.