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Misère du progressisme : un ancien ministre péquiste devient candidat pour Trudeau

Louis Blouin >

Radio-Canada a appris que l’ancien ministre péquiste de la Santé Réjean Hébert a été approché par Justin Trudeau pour représenter le Parti libéral du Canada (PLC) aux prochaines élections fédérales. Intéressé par cette offre, il pourrait bientôt sauter dans l’arène fédérale et ainsi officialiser sa rupture avec le mouvement souverainiste.

Réjean Hébert a tourné la page. Pour lui, le projet d’indépendance du Québec n’est plus d’actualité. « J’ai pris acte que la population n’est pas là dans ses priorités », explique l’ancien ministre sous le gouvernement de Pauline Marois, de 2012 à 2014.

« La souveraineté à ce moment-ci n’est pas à l’ordre du jour. Ce n’est pas un débat social actuel et, en attendant, il faut faire vivre ce pays, le Canada. Il faut le faire évoluer », expose M. Hébert en entrevue.

Je suis nationaliste, mais je crois que la souveraineté n’est plus un enjeu actuellement. 

Réjean Hébert, ex-ministre péquiste de la Santé et doyen de l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Pourquoi les libéraux?

Comment expliquer ce virage à 180 degrés à la faveur des libéraux? « Pour moi, c’est le parti progressiste qui a des chances de gouverner », explique l’ancien ministre, parlant du PLC comme une « machine forte » et une « organisation sérieuse ».

Le premier ministre lui a proposé de se joindre à son équipe ce printemps. M. Hébert juge l’offre alléchante, mais réfléchit toujours. Il attend de voir le contenu de la plateforme électorale du PLC avant de se lancer officiellement.

Il veut s’assurer que les priorités du parti correspondent aux siennes : élargir l’accès aux soins à domicile au pays, développer la prévention des maladies chroniques et poursuivre la lutte contre les changements climatiques.

M. Hébert ne cache pas ses ambitions. L’idée d’occuper un poste de ministre, celui de la Santé par exemple, est attirante.

« C’est sûr qu’un poste de ministre me permettrait d’avoir beaucoup plus d’emprise sur les changements implantés », reconnaît-il. Réjean Hébert rappelle que la décision appartient au premier ministre et qu’il n’aura aucune assurance en ce sens.

Tous ceux qui se présentent à des élections ont en tête de vouloir occuper des fonctions ministérielles. Réjean Hébert

Il ne serait pas le seul ancien politicien souverainiste à changer d’allégeance pour un parti fédéraliste.

En 2018, le chef conservateur Andrew Scheer a réussi à courtiser l’ex-chef bloquiste Michel Gauthier, qui s’est joint à sa formation en tant que militant.

« Si on veut continuer à faire avancer le Québec ou faire avancer le Canada, il faut aller dans une autre direction. C’est ce que plusieurs de mes collègues ont conclu quand ils sont passés à la Coalition avenir Québec et c’est ce que j’ai conclu aussi », explique Réjean Hébert, qui est doyen de la l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Si c’est de l’opportunisme de faire avancer des projets, oui, je suis opportuniste.

 Réjean Hébert

L’affaire SNC-Lavalin qui a fait la manchette et la baisse des libéraux dans les sondages ne semblent pas le refroidir. « Je pense que ce sont des crises qui sont normales dans l’évolution d’un gouvernement », juge M. Hébert, qui apprécie le leadership du premier ministre.

« M. Trudeau a été beaucoup plus conciliant, certains le lui reprochent, mais je pense que c’est une qualité que les leaders de demain devront avoir », poursuit-il.

L’ex-ministre de la Santé Réjean Hébert en compagnie de l’ex-première ministre du Québec, Pauline Marois, en juillet 2013 Photo : La Presse canadienne / Clément Allard

Des réactions à Québec et à Ottawa

Le changement d’allégeance politique de l’ex-péquiste n’est pas passé inaperçu. À Québec, justement, son ancienne collègue Véronique Hivon n’a pas voulu commenter. « Ce sera à M. Hébert d’expliquer son cheminement », a-t-elle laissé tomber, en précisant toutefois qu’elle continuera de « défendre bec et ongles » les compétences du Québec, y compris en matière de santé.

« De toute évidence, il n’est pas souverainiste! », a-t-elle ajouté.

Dans la capitale fédérale, la ministre Mélanie Joly estime pour sa part que l’arrivée possible de M. Hébert au sein des troupes libérales vient confirmer que le PLC « est un parti progressiste ».

« On recherche des gens qui vont défendre les idées de notre parti; M. Hébert est quelqu’un qui défend les soins à domicile, toutes les idées visant à contrer le vieillissement de la population », a-t-elle précisé. « Ce sera un très bon candidat. »

« Quand nous sommes capables d’attirer des candidatures comme M. Hébert, qui a fait beaucoup pour les aînés […], cela démontre à quel point nous sommes prêts » en vue des élections d’octobre, a renchéri François-Philippe Champagne, ministre de l’Infrastructure, avant de réitérer les positions « progressistes » du Parti libéral du Canada.

Il y a eu une époque où la confrontation était peut-être la façon de voir l’avenir; moi, je pense que les gens ont une nouvelle vision, c’est-à-dire investir dans l’avenir. Le ministre libéral François-Philippe Champagne

Du côté de Gerard Deltell, qui a siégé avec M. Hébert à l’Assemblée nationale, on s’étonne quelque peu que l’ex-ministre change ainsi son fusil d’épaule.

« On l’a entendu [lundi] dire qu’il était opportuniste, qu’il était toujours souverainiste, qu’il lorgne le ministère de la Santé et qu’il se magasine actuellement un comté entre Montréal et l’Estrie. Disons que la liste d’épicerie commence pas mal à être lourde, et il n’a pas encore fait un premier pas en politique. Alors, on verra bien quelle sera sa décision », a-t-il lancé.

>La suite sur Radio-Canada.

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