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Les gouvernements fédéral et provincial de Terre-Neuve-et-Labrador ont conclu un accord de 5,2 milliards de dollars pour une restructuration financière du projet hydroélectrique de Muskrat Falls, afin de permettre de limiter la hausse des tarifs d’électricité.
Les coûts du projet, qui accumule les retards, ont augmenté de 77 % depuis son annonce en 2012.
Le premier ministre fédéral, Justin Trudeau, était à Saint-Jean mercredi alors que des rumeurs d’élections générales anticipées sont toujours dans l’air. Il a soutenu que l’accord avait été conclu pour assurer la viabilité financière du projet à la suite d’une excellente rencontre.
Le premier ministre [Libéral, NDLR] de la province, Andrew Furey, a déclaré aux côtés de Justin Trudeau que le financement fédéral aiderait la province à éviter une hausse anticipée des tarifs d’électricité lorsque la mégacentrale commencera à produire de l’électricité en novembre.
Les nouveaux tarifs d’électricité atteindront 14,7 ¢ le kilowattheure (kWh), soit plus que les 13,5 ¢ promis par l’ex-premier ministre Dwight Ball. Sans ce nouvel arrangement, les tarifs d’électricité auraient cependant bondi de 75 % pour couvrir les coûts du projet, selon les autorités.
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Maintes interventions d’Ottawa
Que le gouvernement fédéral se porte au secours de Muskrat Falls est un très mauvais précédent, selon la Fédération canadienne des contribuables (FCC).
Non seulement ce renflouement coûtera très cher aux contribuables, mais le fédéral n’a émis aucune condition demandant au provincial de réexaminer ses dépenses, déplore le directeur de la FCC, Franco Terrazzano, dans un communiqué.
Ce n’est toutefois pas la première fois qu’Ottawa intervient pour venir en aide à la province relativement à ces travaux.
Le projet hydroélectrique controversé de 824 mégawatts dans le centre du Labrador a connu des retards et des dépassements de coûts dans la décennie qui a suivi son annonce, la facture passant de 6,2 milliards de dollars à plus de 13 milliards.
Il menaçait d’aggraver la situation financière déjà fragile du gouvernement provincial, qui croule sous sa dette, et de le forcer à trouver des centaines de millions de dollars par an pour subventionner les tarifs d’électricité.
Cette aide représente un bon coup de pouce parce que la province est dans une situation économique précaire, explique Stéphanie Chouinard, professeure de science politique au Collège militaire royal du Canada.
Le gouvernement fédéral est impliqué depuis plusieurs années […], mais l’annonce d’aujourd’hui semble beaucoup plus importante, soutient-elle.
Or, ce renflouement ne réglera pas l’ensemble des problèmes de Terre-Neuve-et-Labrador, prévient la FCC. Il est impératif que la province revoie ses dépenses pour éviter un deuxième ou un troisième renflouement.
Cette nouvelle bouée de sauvage a aussitôt été dénoncée au Québec, notamment par le Bloc québécois et le Parti libéral du Québec, déplorant dans les mêmes termes une concurrence déloyale envers Hydro-Québec.
Rappelons que l’accord conclu mercredi est le résultat de négociations de haut niveau qui ont commencé en décembre dernier, lorsque le premier ministre Trudeau a nommé Serge Dupont, un ancien greffier adjoint du Conseil privé, pour négocier la restructuration financière de Muskrat Falls.
M. Dupont a négocié avec Brendan Paddick, un cadre en télécommunications et proche conseiller du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey. Le premier ministre a choisi M. Paddick pour diriger l’équipe d’atténuation des tarifs de Terre-Neuve-et-Labrador.
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