Geneviève Lajoie >
Les écoles et les hôpitaux pourront conserver les crucifix qui ornent leurs murs.
Même si la nouvelle Loi sur la laïcité de l’État leur permet de le faire, les ministres Jean-François Roberge et Danielle McCann n’ont pas l’intention d’envoyer une directive à leur réseau respectif pour retirer les christs en croix de leurs établissements.
Les directions d’école, les hôpitaux ou les cliniques médicales pourront toutefois décider de leur propre chef de décrocher les symboles religieux qui seraient encore présents dans leurs bâtisses.
«Bon jugement»
«L’immense majorité des croix ont été retirées des classes lors de la déconfessionnalisation des écoles. Si jamais il devait en subsister, nous nous fions au bon jugement des directions d’école. Elles ont l’autonomie nécessaire pour les retirer si elles veulent le faire», explique-t-on au cabinet du ministre de l’Éducation.
La ministre de la Santé a précisé mercredi que les établissements de santé ont le loisir de décrocher les crucifix ou symboles religieux de leurs murs s’ils le souhaitent. Mais Danielle McCann ne donnera pas l’ordre de le faire.
«Je pense qu’on va laisser la latitude aux établissements de santé et de services sociaux», a-t-elle insisté.
Retirés des palais de justice
Rappelons que les représentations du Christ sur la croix seront retirées des salles d’audience des palais de justice à la demande de la ministre de la Justice Sonia LeBel.
«L’intention est d’ajuster effectivement la neutralité de la salle de cour avec la neutralité exigée du juge», a annoncé la procureure générale du Québec, il y a quelques jours.
Le Christ en croix qui domine les joutes parlementaires au Salon bleu de l’Assemblée nationale sera également décroché. Tous les partis politiques se sont entendus pour le relocaliser ailleurs au parlement.
Bile an
Alors donc, les Québécois.es auraient recouvré la fierté cette année? Oh la la! C’en prend pas ‘gros’ au(x) Québec(ois.es) pour r’éprouver de la fierté… Voyons cela d’un peu plus près. Au moyen de tableaux. ‘Synoptiques’.
L’année a débuté avec la mort, pas trop trop ‘en douce’, atrocissime plutôt, comme on n’en avait peut-être jamais vue en l’espèce, d’une nonagénaire à la porte de sa propre résidence, impossible à réintégrer par elle, par un froid de moins trente degrés, sans que personne ne s’en aperçoive, une demi-douzaine d’heures durant, rien que ça, suite à une FAUSSE alarme. Après quoi, l’ineffablissime affablissime inéditissime ministre des Ainé.e.s aura, on ne peut plus publiquement, opiné que, vous savez, il y aurait de la malentendance à cet âge avancé… Malentendance ou malentendu, n’en vient-on pas moins de constater qu’on continue de mourir aux portes de sa résidence en ce Québec 2019 si ‘fier’ de soi.
Quelques mois après, découverte d’une nouvelle petite Aurore l’enfant martyre à Granby (CMR). Puis, dernièrement, reconnaissance par monsieur « Un Québec fou de ses enfants », lui-même-en-personne, que le Québec en aura plutôt été un, ces dernières décennies, qui se fout des enfants.
Pas convaincu.e.s? Constatez.
À l’orée de l’été, une loi rare — (en fait comme il ne s’en était jamais fait au Québec – i.e. à propos de religieux) — a été adoptée le jour de la fête des Pères; et qui, en raison de l’omission délibérée d’allonger la clause grand-père à quelques étudiantes fraichement sorties ou sortantes de facultés d’Éducation, aura (eu) pour effet de priver davantage encore d’enfants déjà en extrême manque d’enseignante(s) – de ces dernières, pour/en lesquelles l’État même avait pourtant inve$ti considérablement. Voilà, donc, pour l’éconologique singulière de ce gouvernement, ainsi que pour sa touchante sollicitude et grandissime humanité à l’égard d’enfants comptant parmi les plus vulnérables que sont ceux fréquentant l’école publique.
En-deça et par-delà l’avènement de semblable Événement — (source première, semble-t-il, de la ‘fierté’ québécoise recouvrée) —, se sera trouvée une insigne v.-PM ayant d’abord milité pour qu’il n’y en eut point de clause grand-père — (ce qui aurait eu pour effet d’arracher au besoin de leurs classes des dizaines, vingtaines ou trentaines d’enseignantes non seulement à leur emploi mais à leurs élèves : bravo pour l’«intelligence» et le si bon et si grand coeur présidant à de si nobles et sensibles desseins) —; puis, ensuite, aura trouvé LA Solution pour l’éventualité où des récalcitrantes refuseraient d’obtempérer, i.e. qui soit n’enlèveraient pas la chose considérée indue de sur leur tête ou ne s’enlèveraient pas elles-mêmes de là tout court, en r’rentrant tout bonnement et simplement chez elles : envoyer la police ‘après’ elles! «’Brillant’», n’est-ce pas? Et « ‘ça’ », c’est la v.-PM, voyez-vous. De quoi être « fiers » et « fières ». Certain.
Autre ‘motif’ de « fierté » – émanant d’agissements de cette même v.-PM? Certes. SA Loi 1, par exemple. Grâce à laquelle son gouvernement pourra continuer de faire comme faisaient le précédent gouvernement et les autres auparavant, i.e. nommer qui ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent, où ils veulent – à quelque poste que ce soit. Car… Voyez-vous, la ministre a refusé net, des millions de fois, d’accepter qu’il y ait un critère autre que celui des deux tiers pour les nominations requérant la plus grande impartialité et non-partisanerie possible. Si bien que non seulement le gouvernement de 1973-76 — (où la députation gouvernementale comptait pour plus de… 90% à elle seule) — mais au coeur de cette année-ci même, s’il y avait eu (ré)élections, ce gouvernement-ci même, caquiste, si populaire, les auraient eus, lui-même aussi, ces plus que deux tiers d’élu.e.s. De telle sorte que la loi 1 de la ministre ne ‘rime’ à absolument rien. Sinon qu’à inintelligence, insouciance, nonchalance, arrogance, bêtise ou mauvaise foi. De quoi être « fiers » et « fières », quoi. Encore.
Ah, y aurait-il aussi ces « christ de péquistes » ainsi que ces « Montréalais ». Oh la la !
Alors, donc, parlant Christ, on aura cru bon, chez ces caquistes, grâce auxquel.le.s la ‘fierté’ aurait été recouvrée en québécité; on aura cru bon, donc, dis-je, de retirer le Christ du Salon bleu. En cette année de Laïcité+, à la faveur de laquelle on aura voulu, jure-t-on, principalement r’instaurer à demeure, pour l’éternité des temps, principalement (bis), l’égalité sexuelle absolue. Pus de différence entre hommes et femmes. Pus de discrimination. Pus d’inégalité(s). D’aucunes sortes. Or, problème ici. Il se trouve qu’et le principe et l’énoncé premier en appelant à la laïcité se… trouvent en/chez Christ, originellement, incidemment; qui, le tout premier, aura enjoint de considérer séparés Église et État — (« Rendez à César… ») —; et qui aura été également, objectivement, le tout premier féministe ou égalitariste sexuel. Si bien que bien drôle de logique, ça, de se départir à ce moment précis, en lieu officiel, de l’icône-figure inauguratrice-emblématique la plus représentative et inspirante, la plus universelle et incontestable, d’un laïcisme ordonné, en même temps que d’égalitarisme sexuel total professé et pratiqué; au moment même du dépôt et de l’adoption d’un projet de loi et d’une loi poursuivant ces objectif et finalité de laïcité et d’égalité sexuelle intégrale.