Alexandre Cormier-Denis
Contrairement à ce qui a été dit par l’establishment souverainiste suite à la visite de Mme Le Pen au Québec, nous croyons que le Front national partage de nombreux points communs avec le mouvement souverainiste québécois et que ce dernier devrait se réjouir de voir la montée d’un parti politique français qui reconnaîtrait sans problème l’indépendance du Québec en cas de victoire référendaire.
1. La question du fédéralisme européen.
En France, seul le FN semble avoir pris conscience que la soumission à l’Union européenne entraîne l’effondrement total de la souveraineté française et à terme, une vassalisation totale des Nations à une forme d’impérialisme technocratique bruxellois. L’incapacité de la France de décider de sa politique monétaire, par sa soumission à la Banque Centrale Européenne, la rend complètement dépendante des choix bruxellois en termes économiques.
Il est également utile de se rappeler que les Français ont vécu un réel coup d’État sur la question européenne, eux qui ont voté NON en 2005 au référendum sur la Constitution européenne et qui se l’ont fait imposer de force quelques mois plus tard. Le FN est le seul parti majeur en faveur d’un référendum sur la sortie de la zone euro, instrument par excellence des marchés financiers visant à mettre les États en concurrence par l’économie de la dette.
De plus, l’Union européenne est une utopie compensatoire pour la gauche qui voit dans la construction d’un super-État européen l’aboutissement logique de l’Histoire qui verrait la disparition des Nations. La droite quant à elle, voit l’UE comme un immense marché permettant d’abolir les solidarités nationales et de conquérir les services publics dans tous les États-membres. À terme, l’idéologie sans frontiériste de gauche et de droite se réunit dans la construction du fédéralisme européen qui vise à détruire les souverainetés nationales.
Or, il n’y a pas de démocratie européenne, car il n’y a pas de demos européen. Un monde sépare les Danois des Portugais, tant au niveau historique que culturel, institutionnel et économique. La seule chose qui unit les européens, c’est leur héritage chrétien, ce que les élites européistes ne veulent absolument pas assumer, car cela donnerait une consistance historique et culturelle à l’Europe qui est supposée être une utopie post-identitaire, libérale et dépourvue de toute substance. L’UE est paradoxalement un projet politique imposé par une élite qui se construit sans la volonté des peuples.
2. La question migratoire.
L’immigration de masse que connait l’Europe sert principalement à faire pression sur les salaires et à briser les anciennes solidarités syndicales. La droite patronale, dans le cas de la France, le MEDEF, soutient systématiquement l’immigration de masse en la présentant comme un processus inévitable, dicté par le Marché. La gauche quant à elle, défend le même projet, au nom de « l’ouverture à l’autre » et de la « tolérance » en pratiquant un ethnomasochisme systématique sur la question postcoloniale. Bref, sur ce sujet, la gauche sert d’idiot utile à une droite qui vise à financiariser l’économie en baissant au plus bas ses frais salariaux.
De plus, la création de ghettos identitaires par les politiques migratoires incontrôlées provoque des affrontements communautaires ethno-confessionnels par l’entremise des revendications multiculturalistes. L’intégration des immigrants en France, surtout les afro-maghrébins, s’avère de plus en plus difficile suite à l’effondrement moral de la France qui est systématiquement dépeinte comme criminelle en raison de son passé. Il est maintenant devenu très difficile d’aborder certains thèmes de l’histoire de France dans certains lycées à population majoritairement musulmane car les revendications victimaires mémorielles sont devenues trop fortes.
Le FN a le courage de faire face à ce problème important qu’est devenu l’immigration de masse, tant sur le plan culturel qu’économique.
3. Le redressement national.
Corollaire de la question européenne, le FN propose de sortir de la vision étroite dans laquelle ses élites ont voulu maintenir la France au niveau international. L’asservissement à l’OTAN, et donc à la politique étrangère américaine, est devenue outrageusement manifeste avec la présidence de M. Sarkozy. La présidence de M. Hollande, ne fait que confirmer cette tendance. Le FN propose de revenir à une politique internationale indépendante des admonestations atlantistes et souhaite retrouver une indépendance géopolitique qu’elle a progressivement perdue.
Les élites françaises ont systématiquement abandonné la défense de l’existence d’une Nation française enracinée dans l’histoire et le temps au profit d’une idéologie libérale-libertaire faisant de l’Europe post-nationale la seule voie future possible. Le cosmopolitisme outrancier affiché par la gauche culturelle, soutenue par la droite économique vise à la destruction programmée du concept politique d’État-Nation, pourtant seul garant d’une vie démocratique saine. Le FN a le malheur d’être le seul parti majeur défendant cette conception du politique.
Notons également que le FN n’est pas seul en Europe. Une montée importante du patriotisme s’effectue partout sur le continent, de Viktor Orbán au pouvoir en Hongrie, en passant par Andrezj Duda en Pologne, le parti Most en Croatie, sans compter l’ascension du FPÖ autrichien, de l’AfD allemand, des Démocrates suédois et du référendum sur la sortie de l’UE par la Grande-Bretagne, cela laisse à penser qu’il y a une dynamique de fond à l’œuvre. Avec ses partenaires étrangers, le FN a fondé le groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL) au Parlement européen, sorte de Cheval de Troie souverainiste à l’intérieure de l’enceinte européiste.
L’idéologie libérale-libertaire, qui considère l’Homme comme un simple agent économique de production et de consommation, sans attache, sans culture, sans enracinement, est en recul partout. Le FN incarne le refus de cette soumission systématique à la logique de l’homo œconomicus, cet être dont la seule fin terrestre serait de remplir une fonction marchande.
Avec Mme Le Pen comme présidente du parti, le FN a fait le constat que le clivage gauche-droite se révélait dorénavant inopérant. Le clivage politique se situe désormais dans un autre axe. Il y a d’un côté les promoteurs d’un monde sans frontières, sans attache, où les individus ne sont plus liés à une culture nationale, mais sont d’éternels déracinés construisant leur propre bagage culturel, et puis de l’autre, les défenseurs de l’enracinement des peuples dans leur histoire, leur passé, leur culture et dont les États respectifs devraient représenter les intérêts. Dorénavant, le vrai clivage politique voit s’affronter les mondialistes aux patriotes de tous pays.
En conclusion, tant sur les questions européenne, migratoire, nationale, voir civilisationnelle, toutes liées, le FN est le seul parti français d’importance qui sort des dogmes européistes, immigrationnistes et mondialistes. Il défend, au fond, ce que beaucoup de nationalistes québécois défendent: soit le concept d’État-Nation comme socle de la vie démocratique. La montée du FN en France permet aux Québécois de se décomplexer face aux dogmes de l’immigration forcément heureuse et de la mondialisation forcée. Pour toutes ces raisons, la diffusion des idées du FN participe d’une prise de conscience nationaliste qui peut permettre aux Québécois de sortir de leur léthargie politique.
Au lieu de répéter les poncifs des médias de masse, les souverainistes devrait voir dans l’ascension du FN un encouragement à poursuivre le combat national de manière décomplexée. C’est la jeunesse qui porte le renouveau patriote en France, car les nouvelles générations n’ont que faire des atermoiements et des compromissions inutiles avec nos adversaires idéologiques. L’heure est venue d’afficher que notre désir de liberté s’accompagne naturellement d’un désir d’enracinement tout aussi vif que légitime.