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Au nom d’une démarche «inclusive», le dictionnaire a intégré sur son site le pronom personnel «iel».
La culture woke serait-elle arrivée jusqu’au dictionnaire Le Robert ? En octobre dernier, l’institution de feu Alain Rey a accepté dans ses pages numériques le pronom personnel «iel», contraction de «il» et «elle». Sa définition : «pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre. L’usage du pronom iel dans la communication inclusive (sic).» Comment expliquer cet ajout ?
Chaque mois, les lexicographes du dictionnaire veillent et scrutent les nouveaux mots. Parmi ces derniers figurent «passe sanitaire», «antivax» mais aussi le fameux «iel». «On a constaté que ce mot prenait de l’ampleur et nous l’avons intégré», explique au Figaro Marie-Hélène Drivaud, lexicographe au Robert. Il a pour l’heure une période probatoire, même si on nous laisse sous-entendre que le mot rejoindra les colonnes du dictionnaire web avant d’intégrer l’édition papier de 2022.
D’après le Robert, la langue française «ne doit stigmatiser personne». L’intégration de ce pronom se lit dans cette démarche, une démarche «woke» qui porte comme étendard la défense des «opprimés» et des «dominés» (les femmes, les personnes noires, homosexuelles, transgenres, bisexuelles, asexuelles, intersexes, queers etc.) «Iel» permettrait en effet d’inclure les personnes non-binaires, qui ne se reconnaissent ni homme, ni femme.
«Une démarche militante»
«Tous nos dictionnaires sont inclusifs depuis plusieurs années», affirme Marie-Hélène Drivaud. On en veut pour preuve cette autre correction du dictionnaire : «On a revu toutes les fois où il y avait écrit »homme » pour le remplacer par »humain ».» Ainsi, à la définition de «cheveu», on ne lit plus «poil sur le crâne d’un homme» mais «crâne d’un humain».
Une reconnaissance pour l’idéologie woke que décrie Bernard Cerquiglini, lexicographe au Larousse. «Tout cela relève d’une démarche militante. »Iel » ne vient pas d’un manque. On touche à un pronom, au système de la langue. Or, les pronoms n’ont pas changé depuis le IVe siècle.» De plus, le français est fondé sur deux genres. De ce fait, il est contre-intuitif. «Le masculin joue le rôle de générique, c’est ainsi. Cela fonctionne de cette manière depuis le latin vulgaire.» Jean Pruvost, linguiste et auteur de La story de la langue française aux éditions Taillandier, va plus loin. «Le pronom »iel » est inutile et discourtois. C’est une aberration. Sous couvert d’égalité, le masculin reste toujours devant le féminin : dans »iel », »il » est placé devant »elle ».» Ce qui est aussi le cas dans l’écriture inclusive lorsqu’on écrit «instituteur.ice» ou encore «auteur.ice».
Enfin, dernier problème, ce «iel» ne serait pas français. Selon Bernard Cerquiglini, c’est un anglicisme. «L’erreur de certaines féministes est de suivre l’anglais qui a un neutre. Or, en français, nous n’en avons pas.» On peut remédier à cette inégalité par la duplication, comme s’accordent Bernard Cerquiglini et Jean Pruvost. On dirait alors «celles et ceux», «Françaises et Français»…
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Trop fous
Par chez nous en Serbie, on n’est pas rendu la encore