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Allégations contre Charest : La police bloque-t-elle les enquêtes contre le régime libéral ?

Normand Lester >

Avez-vous complètement perdu confiance dans la justice et la police? Ça fait maintenant 10 ans que des enquêtes sont en cours sur Jean Charest et certains de ses proches et ça n’aboutit jamais. Tous les deux ou trois ans, des policiers honnêtes s’écœurent de l’inaction de leurs patrons et coulent des informations aux médias. L’affaire fait la une, puis ça retombe rapidement dans l’oubli. 

Ce qui est à l’origine du brouhaha actuel, c’est la fuite aux médias de Québecor en 2017 concernant une enquête de l’UPAC baptisée «Mâchurer», ciblant l’ancien premier ministre Jean Charest et l’ancien trésorier du parti libéral Marc Bibeau. Justice, libéraux et police, il y a là comme un embrouillamini politico-policier. Voici une petite partie seulement de cet enchevêtrement.

Fondée en 1998 par Luigi Coretti, qui n’a aucune expérience dans le domaine de la sécurité, l’agence BCIA accumule les contrats publics. Pietro Perrino, ami et conseiller de Jean Charest, figure parmi ses investisseurs. Important donateur du Parti libéral, Coretti est aussi un ami intime du secrétaire parlementaire puis ministre libéral de la Famille de Jean Charest, Tony Tomassi. Contraint de démissionner après avoir admis qu’il utilisait une carte de crédit reçu de BCIA, Tomassi est condamné pour fraude et d’abus de confiance. Il a continué à recevoir son salaire de député, 86 242$, pendant deux ans sans accomplir la moindre fonction parlementaire avant de démissionner.

Son père, Donato, était un des principaux soutiens politico-financiers de Charest depuis sa course à la direction du parti conservateur fédéral. Sans l’influence de son père, le gros Tony n’aurait jamais été accepté comme candidat libéral dans Lafontaine, encore moins comme secrétaire parlementaire du premier ministre et ensuite comme ministre de la Famille. C’est Jean Charest qui est intervenu personnellement pour que Tomassi s’assoie dans le siège du député libéral Jean-Claude Gobé, forçant ce dernier à lui céder sa place.

Donato Tomassi a affirmé que les accusations criminelles portées contre son fils n’étaient qu’une manifestation de grossiers préjugés envers la communauté italienne. Pour Tomassi père, il est normal qu’on privilégie ses amis lorsqu’on exerce des fonctions publiques. Un chum, c’t’un chum. Il doit y avoir un équivalent coloré en sicilien ou en calabrais.

Mais revenons à BCIA qui s’est vu attribuer par simple entente verbale la surveillance du quartier général du SPVM, à la demande de son chef Yvan Delorme, qui doit démissionner de son poste quelques semaines après le renouvellement de son contrat pour cinq ans en 2010. Il paraît (selon la GRC?) que le hic ce sont ses liens avec Luigi Coretti. La démission de Delorme intervient peu après la mise en faillites de BCIA au printemps 2010. Puis c’est au tour de Jacques Dupuis de quitter son poste de ministre de la Sécurité publique, assurant que cela n’a rien à voir avec les déboires de Coretti, de Tomassi et de Delorme.

Le ministre Jacques Dupuis, qui est intervenu pour que Coretti obtienne un permis de port d’armes auquel il n’avait pas droit, était un proche d’Yvan Delorme qui faisait de la moto avec lui. Ce dernier avait une liaison amoureuse avec la vice-première ministre libérale, Nathalie Normandeau.

Elle fait toujours face actuellement à sept chefs d’accusation, qui pourraient lui valoir jusqu’à 20 ans de prison, dont corruption de fonctionnaires et utilisation de sa charge publique pour obtenir des faveurs. Des requêtes retardent les procédures judiciaires. C’est le cas aussi d’un autre ancien ministre libéral, Marc-Yvan Côté.

Autre fait troublant concernant Charest: des policiers ont reçu de leur supérieur l’ordre de cesser immédiatement la filature d’un syndicaliste avec des liens mafieux, Eddy Brandone, après l’avoir observé en compagnie du premier ministre. Brandone était aussi un ami de Tony Tomassi. Surnommé dans le milieu «le gros Eddy», c’était un acolyte du mafioso Johnny Bertolo assassiné en 2005.

Jean Charest a dirigé, de 2003 à 2012, l’un des gouvernements les plus controversés de l’histoire du Québec. Peut-être pire que celui de Maurice Duplessis qui lui, au moins, a défendu les intérêts du Québec face aux empiétements d’Ottawa.

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