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Radio-Canada fait la promotion de quotas raciaux pour les premiers rôles à la télévision

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N’ajustez pas votre appareil. Au Québec, les acteurs issus des minorités visibles sont de plus en plus présents à l’écran. Mais ce sont encore des comédiens blancs qui jouent les premiers rôles et qui apparaissent sur les affiches promotionnelles. 

C’est ce que révèle notre analyse des 10 séries télé les plus populaires de 2018, celles qui rejoignent le plus de Québécois et Québécoises. Sommes-nous prêts pour un Claude Legault noir? Avons-nous dans notre bassin d’acteurs une Guylaine Tremblay asiatique?


Tollé autour du dernier Gala Artis dont les 70 nommés étaient tous Blancs, remontrances à propos des personnes en lice, en majorité Blanches, qui seront de la prochaine télédiffusion du Gala des prix Gémeaux, levées de boucliers entourant les pièces de théâtre SLĀV et Kanata de Robert Lepage. Les exemples ne manquent plus. Le sujet de la diversité est sur toutes les lèvres.

894.

C’est le nombre de rôles joués par 804 comédiens qui ont travaillé sur les 10 séries les plus regardées au Québec en 2018, selon la firme Numeris. C’est aussi le nombre de rôles que nous avons regardés, un à un.

Résultat : sur 894 rôles, 97 sont joués par des personnes racisées. Lorsqu’on calcule le pourcentage respectif de diversité pour les 10 séries, on tend vers une proportion d’environ 11 %. On s’approche ainsi du taux de 13 % de personnes issues des minorités visibles au Québec (Statistique Canada, 2016).

Selon Statistique Canada, on définit comme une « minorité visible » les personnes « autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche, ou qui n’ont pas la peau blanche ». Aux fins de notre analyse, nous avons décidé d’inclure les Autochtones au groupe des minorités visibles, qui sont loin d’être surreprésentés à l’écran.

Tout compte fait, la diversité projetée dans nos écrans se rapproche – lentement, mais sûrement – d’une représentativité de la population québécoise.

C’est bien beau qu’il y ait plus d’[acteurs de la] diversité [qu’avant]. Encore faut-il regarder où cette dernière est dirigée, nuance Anouk Bélanger, sociologue et professeure en communication publique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Alors, regardons de plus près la place attribuée.

Selon les données de notre analyse :

Les troisièmes rôles sont joués à 12,8 % par des acteurs de la diversité.

Les deuxièmes, à 16,2 %.

Les premiers, à 8,1 %.

Dans l’entente collective de l’Union des artistes (UDA), « on dit d’un comédien qu’il est un :

  • Premier rôle lorsqu’il prononce 11 lignes de texte ou lorsque sa présence visuelle est égale ou supérieure à 30 % de la durée de l’œuvre;
  • Deuxième rôle lorsqu’il prononce de 2 à 10 lignes de texte ou lorsque sa présence visuelle est de 16 % à 29 % de la durée de l’œuvre;
  • Troisième rôle lorsqu’il prononce une ligne de texte, ou s’il ne prononce pas de texte, lorsqu’on l’identifie à un personnage ou lorsque sa présence visuelle est de 15 % et moins de la durée de l’œuvre. »

Le bémol, c’est que la définition du premier rôle est plutôt élastique.

Même si un comédien apparaît dans votre téléviseur à chaque épisode de votre téléroman préféré et qu’il y lance le nombre minimum de lignes de texte pour signer un contrat de premier rôle de l’UDA, il se peut que son visage ne soit pas imprimé sur les affiches promotionnelles de la série ou que son nom ne virevolte pas sur les notes du générique d’ouverture.

Ainsi, certains acteurs qui tiennent un premier rôle reçoivent un chèque de paie en fonction des paramètres de la convention collective de l’UDA. D’autres, selon leur expérience, leur rang dans le gratin québécois ou leur aura de saveur du mois, peuvent avoir un contrat amendé. Est-ce que la personne tient un rôle-titre sur ses épaules? Apparaît-elle dans la stratégie de promotion? Parce que oui, une « vedette », ça se formalise. Entre autres par l’ajout d’un astérisque sur un papier d’engagement, nous confirme la présidente de l’UDA, Sophie Prégent.

Lorsqu’on décortique les distributions pour en analyser la diversité, comme le prescrit la sociologue Anouk Bélanger, on comprend qu’elle s’évapore dans le giron des premiers rôles.

Encore plus quand il s’agit des têtes d’affiche. Quand on parle de « vedettes ».

Sur 894 rôles, Cynthia Wu-Maheux (Da-Xia Bernard dans District 31) et Iannicko N’Doua Légaré (Jonathan Archambault dans Le jeu) représentent les deux seuls acteurs non caucasiens à avoir obtenu un rôle-clé parmi les 10 séries télé les plus populaires au Québec en 2018.

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Un commentaire

  1. Je ne regarde plus la télé depuis des années étant désabonné!

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