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Le 21 octobre dernier au Canada, les Libéraux de Trudeau ont été reconduits au pouvoir. Le Parti libéral formera le prochain gouvernement, mais celui-ci sera minoritaire. Pour le politologue Louis Massicotte, la victoire de Trudeau est fragile et s’explique à la fois par sa mauvaise performance et celle des Conservateurs. Entrevue.
Comment expliquer la réélection de Justin Trudeau au Canada, alors que son premier mandat a été marqué par plusieurs scandales?
Moins d’une semaine après l’élection du 21 octobre, Sputnik a recueilli l’analyse de Louis Massicotte, spécialiste renommé de l’histoire politique canadienne. Selon ce professeur de l’Université Laval (Québec), la campagne assez moyenne du chef conservateur, Andrew Scheer, explique d’abord la réélection des Libéraux:
«Andrew Scheer n’a pas mené une campagne très impressionnante. Il faut dire que le Premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, ne l’a pas beaucoup aidé, étant très impopulaire. C’est frappant de voir que Justin Trudeau a remporté un très grand nombre de sièges de l’Ontario. Ce n’est pas un hasard. […] M.Scheer n’a pas démissionné après sa défaite, mais je ne serais pas étonné qu’il se fasse montrer la porte par son parti», explique le professeur au micro de Sputnik.
Louis Massicotte estime que c’est le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui a été le plus habile. Une performance qui se reflète dans les résultats du parti, le Bloc passant de 10 à 32 députés à la Chambre des communes. Une remontée spectaculaire pour la formation souverainiste qu’on croyait sans avenir depuis une dizaine d’années. Le retour du Bloc est déjà interprété comme un mauvais présage pour l’unité canadienne par les fédéralistes, francophones comme anglophones.
«Les gens n’ont pas été impressionnés par Trudeau. M.Blanchet a mené la meilleure campagne. Après tout, c’est lui qui a progressé le plus et il ne s’est pas pris les pieds dans le tapis. C’était toutefois plus facile pour Blanchet, dans la mesure où le Bloc est seulement implanté au Québec. Le Bloc n’avait qu’à plaire à un seul groupe particulier –les Québécois aux tendances nationalistes– alors que les autres partis doivent tenir compte d’intérêts souvent opposés», précise le politologue.
En passant de 183 à 157 députés sur 338 sièges à Ottawa, les Libéraux se retrouvent donc dans une situation de gouvernement minoritaire. Pour conserver le pouvoir, ils devront faire alliance avec au moins un autre parti. La formation pressentie pour épauler les Libéraux est le Nouveau parti démocratique (NPD), formation très à gauche sur l’échiquier canadien. D’ailleurs, si les gouvernements minoritaires ne survivent généralement pas plus de 2 ans et demi, Louis Massicotte rappelle qu’il n’est pas impossible de dépasser cette durée.
«Le scénario préféré des électeurs était un gouvernement minoritaire libéral appuyé par le NPD. Ces deux partis sont faits pour s’entendre. […] Concernant la durée du prochain gouvernement, les perspectives sont plutôt bonnes. D’ailleurs, n’oublions pas qu’une élection coûte très cher: les électeurs ne souhaitent jamais retourner très tôt en campagne. Le gouvernement devrait durer au moins 2 ans, mais des gouvernements minoritaires ont déjà duré jusqu’à 4 ans, comme celui du Premier ministre Mackenzie King en 1921», rappelle notre interlocuteur.
Si le prochain gouvernement Trudeau ne risque pas d’être défait si rapidement, l’obtention d’une minorité parlementaire n’est jamais bon signe, selon Louis Massicote. Le début de la fin pour Justin Trudeau?
«Redevenir majoritaire après être devenu minoritaire, c’est vraiment très difficile à réaliser. Je connais bien l’histoire des gouvernements minoritaires au Canada. En général, quand un gouvernement majoritaire devient minoritaire, c’est juste une étape vers la chute finale. On se relève rarement de ça», observe-t-il.
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