Alexandre Cormier-Denis >
Une fois de plus l’alliance de la gauche diversitaire et de la droite patronale se confirme sur la question de l’immigration.
Tant Amir Khadir que le Conseil du patronat dénoncent toute mesure visant à réduire le nombre d’immigrants au Québec. Sur l’enjeu vital qu’est la démographie, QS et le CPQ se retrouvent totalement : il importe peu pour eux que l’immigration massive change drastiquement la composition ethno-linguistique du Québec, en autant qu’il y ait de nouveaux travailleurs pour« enrichir » culturellement le Québec…
Mais la tentative de normaliser le déluge migratoire que nous connaissons ne provient pas uniquement des discours complaisants des élites politiques et économiques. Il émane également du domaine culturel.
La télé comme outil de normalisation sociale
On le sait, l’apparition de la télévision a été un formidable moyen pour les États de faire passer leurs propagandes respectives. Qu’il s’agisse de télé-séries valorisant la « vie bonne » ou par le contrôle de l’information donnée aux téléspectateurs, la télévision a toujours servie à orienter la conscience politique et sociale des foules.
Alors que dans les années 1950, la télévision américaine faisait la promotion de l’American Way of Life, elle s’est tranquillement transformée en outil de subversion sociale au profit de la contre-culture à partir des années 60. La télévision se métamorphosa alors en outil de transformation de la société américaine.
En 1968, alors que les États-Unis vivaient une décennie de crise liée aux revendications afro-américaines, l’émission Star Trek diffusa pour la première fois un baiser « interracial » à la télévision américaine.
Le baiser entre Uhara et le Capitaine Kirk est passé à l’histoire
Évidemment, l’événement s’inscrivait dans une période qui voyait la fin de la ségrégation raciale américaine. Le baiser annonçait la banalisation du métissage qu’allait connaître l’Occident dans les décennies suivantes.
Mentionnons également la contribution de Ma sorcière bien-aimée à la défense d’une forme nouvelle de politiquement correct. Alors que les États-Unis sortaient à peine du Maccarthysme, la série dévoilait le quotidien d’une épouse possédant des dons de sorcière qui devait cacher ses pouvoirs à l’entourage de son mari afin de ne pas être persécutée. De nombreux épisodes instrumentalisent l’identité secrète de la sorcière afin de faire une analogie avec d’autres secteurs de la société jugés stigmatisée. Au travers de son humour grand public, Ma sorcière bien-aimée avait pourtant un rôle social visant à conditionner le comportement des téléspectateurs.
En 1995, une autre série Star Trek marquait les esprits en diffusant le premier baiser lesbien de l’histoire de la télévision américaine. Cela annonçait également la normalisation sociale de l’homosexualité et l’accélération du lobbying en faveur du mariage entre personnes de même sexe au courant des années suivantes.
La télévision est plus qu’un miroir de la société dans laquelle nous vivons : elle forme la conscience de masses sur des enjeux aussi fondamentaux que la sexualité, la conscience nationale et l’ensemble des enjeux sociétaux.
Il n’est donc pas surprenant de voir cet instrument de pouvoir prendre parti dans cet important phénomène qu’est l’immigration massive que subit le Québec depuis plus d’une décennie.
Assaut diversitaire sur la télé québécoise
Depuis quelques années, un discours critiquant le manque de diversité ethnique à la télévision québécoise a émergé. On reproche au petit écran québécois d’être trop homogène et de ne pas répondre à l’idéal multiculturel de l’Amérique du Nord anglo-saxonne.
La question refait surface périodiquement : y a-t-il suffisamment de diversité au petit écran, au cinéma et sur les planches de théâtre? Certains estiment que le Québec est en retard par rapport au Canada anglais et à ses voisins américains.
Bref, on reproche à la télévision québécoise de ne pas faire d’effort pour représenter l’idéal du paradis multiethnique dans lequel vivent les Américains. Évidemment, cette critique est totalement infondée puisque les personnes issues de la « diversité », entendons ici la diversité ethnique, sont beaucoup plus minoritaire au Québec qu’aux États-Unis où la seule population afro-américaine représente plus de 12% de la population alors que l’ensemble des minorités ethniques représente environ 11% de la population québécoise.
Notons d’ailleurs qu’en raison de la démographie hispanique, les Blancs seront minoritaires aux États-Unis vers 2040.
Malgré l’impossibilité de faire une analogie entre les États-Unis et le Québec sur la question ethnique, la propagande en faveur de la diversité s’intensifia particulièrement depuis le milieu des années 2010.
L’offensive médiatique est impressionnante :
Les Québécois sont-ils prêts à plus de diversité culturelle à la télé et au théâtre?
Donner une chance à la différence
Isabelle Racicot déplore le manque de diversité à la télé québécoise
Diversité culturelle : un trou noir dans la télévision québécoise.
Diversité artistique Montréal critique les Gémeaux… et la télé québécoise
Plaidoyer pour une diversité culturelle à l’écran québécois
Diversité au petit écran: rien ne bouge
Diversité culturelle à l’écran
Diversité à la télé jeunesse: l’écran blanc
Il est également intéressant de noter que le CRTC encourage explicitement la promotion de la diversité ethnique pour la télévision canadienne au nom du multiculturalisme d’État :
La représentation des personnes de diverses cultures n’est pas seulement la responsabilité des radiodiffuseurs à caractère ethnique. Les Canadiens de tous les milieux et les personnes handicapées doivent également pouvoir se reconnaître dans la programmation de télévision et de radio grand public.
Le message est passé
Il semblerait que les télé-diffuseurs québécois aient compris le message.
Voici les quatre finalistes de la dernière saison de l’émission de concours de chants, La Voix :
La participante de gauche est une Arménienne fraîchement débarquée au Québec
Et la gagnante de la compétition, dont personne ne nie le talent, Yama Laurent :
Le visage du Québec de demain
Quand au retour de la célèbre émission Passe-Partout, le choix du personnage de Fardoche, sympathique fermier présentant le monde rural aux enfants, a drastiquement changé d’apparence:
Fardoche en 1977
Fardoche en 2019
D’ailleurs, l’acteur Widemir Normil qui incarnera Fardoche revendique fièrement et sans complexe sa négritude…