Le Soleil >
Quelle tristesse que de lire récemment dans les journaux : «L’Assemblée nationale a procédé au retrait du crucifix présent dans la salle de l’Assemblée nationale», opération menée en douce le 9 juillet à la suite de l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État.
Ce crucifix y était exposé depuis 1936 à l’initiative du gouvernement de Maurice Duplessis. Il témoignait à cette époque du lien établi entre l’État et l’Église ainsi que de l’appartenance catholique de la majorité de la population québécoise.
Depuis Jacques Cartier qui a érigé une première croix à Gaspé en 1534, ce symbole n’a cessé de se répandre dans nos villes et nos campagnes. Croix de nos clochers, croix de nos chemins, elles rappellent la foi de nos pères qui, naguère encore, n’hésitaient pas à se signer à leur approche. Bien plus, on retrouve cette croix au cœur même du fleurdelisé, notre drapeau national.
On a donc choisi d’ignorer la tradition pluricentenaire de la population chrétienne et plus particulièrement catholique pour ne pas heurter les nouveaux arrivants pratiquant d’autres croyances. Est-il étonnant que, dans un tel contexte qui a mené au rejet de ce que nous sommes depuis quatre siècles, plus de 18 % de nos compatriotes se disent maintenant «sans religion» ? De plus, on constate qu’à peine 5 % de ceux qui se déclarent encore catholiques lors des recensements demeurent pratiquants alors qu’ils représentaient 85 % de cette population au tournant des années 1960.
En retirant le crucifix de l’Assemblée nationale, non seulement nie-t-on l’appartenance religieuse historique de la majorité de la population québécoise, mais on la prive du symbole le plus signifiant de son existence quadricentenaire, avec bien sûr la langue française. On confirme ainsi la minorisation galopante de la pratique religieuse chez les Québécois catholiques.
À cet effet, le silence de l’Église du Québec est révélateur de ce triste repliement. Depuis la Révolution tranquille, elle n’a malheureusement cessé de décroitre après avoir exercé pendant longtemps une autorité sans contredit, tout en assumant les tâches essentielles d’éducation, de santé et de services sociaux dans notre société. Mais à l’heure où l’Église refuse la communion à ses fidèles les plus pratiquants lors des «Liturgies de la Parole» qui se célèbrent de plus en plus ici en lieu et place de messes faute de prêtres, comment ne pas s’étonner de cette nouvelle frilosité? Bien plus, j’y vois un évident manque de reconnaissance, voire de respect, envers celles et ceux, principalement nos ainés, qui l’ont fait vivre tout au long de leur vie depuis des décennies.