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Hier, devant une église catholique à Makassar, en Indonésie, deux djihadistes se sont fait exploser, blessant au moins 20 fidèles, dont certains grièvement.
Une semaine plus tôt, au soir du 20 mars, une église catholique de Nice était vandalisée, et plusieurs objets de culte détruits. Le même jour dans la même ville, un militant de l’islam avait interrompu bruyamment une messe à la cathédrale Notre-Dame, avant d’être arrêté, puis accusé d’« apologie du terrorisme ».
C’est dans cette même cathédrale que, le 29 octobre dernier, sur fond d’« Allahu Akbar ! »… trois fidèles avaient été tués au couteau en pleine prière.
Juste depuis deux mois, en Inde, au Pakistan, au Nigeria, mais aussi en France ou en Allemagne, on peut aligner toute une série d’agressions, d’attaques mortelles ou non, visant des églises, des officiels, des fidèles de confession chrétienne.
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Le christianisme est aujourd’hui une cible d’autant plus facile que les attaques contre lui se déroulent souvent, à l’exception des plus extrêmes et des plus rapprochées, derrière un mur de silence et d’indifférence. D’autant que sur place, par exemple au Pakistan ou en Afghanistan, les chrétiens sont des minorités en voie d’extinction planifiée.
Musulmans d’Asie, les Ouïgours et les Rohingyas ont subi des répressions atroces de la part des gouvernements chinois et birman. La grande presse dont ils bénéficient et l’indignation de l’opinion mondiale n’ont pas forcément amélioré leur sort — loin de là —, mais au moins leurs souffrances sont dûment rapportées, notées, analysées… Comme se doivent d’être rapportés, dénoncés et jugés les massacres de Québec ou de Christchurch.
On ne peut pas en dire autant des chrétiens d’Orient, et des minorités chrétiennes en général. Leur martyre est silencieux et ne suscite qu’une indifférence teintée selon les cas d’agnosticisme, d’islamisme antichrétien… ou encore de rectitude politique.
Selon le dernier rapport de l’organisation Portes ouvertes (associée à l’Église protestante de France), juste pour l’année 2020, le nombre de chrétiens tués en raison de leur foi s’est élevé à 4761 personnes, soit en moyenne 13 par jour. Et le nombre d’églises attaquées, détruites ou interdites… à 4488 !
Des églises pillées, des fidèles massacrés par dizaines chaque semaine : imagine-t-on le traitement médiatique si on appliquait ces chiffres aux mosquées et aux synagogues, aux fidèles juifs ou musulmans de ce monde ? L’équivalent de deux massacres de la mosquée de Québec… chaque jour ?
Mais il n’y a pas de comparaison. En 2021, c’est la religion chrétienne qui est, de loin, la plus persécutée. D’une façon, pourrait-on dire avec un mot à la mode, « systémique ». Avec des lois qui punissent de mort la possession d’une Bible (Somalie). Ou la conversion au christianisme par déchéance de nationalité (Maldives). Ou qui imposent l’instruction religieuse musulmane aux enfants chrétiens (Afghanistan). Etc.
Un rapport de mai 2019 commandé par le gouvernement britannique estimait qu’« une personne sur trois souffre de persécution religieuse dans le monde »…
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Or, les auteurs du rapport ont calculé que, dans les années 2010, 80 % de tous les croyants persécutés dans le monde étaient des chrétiens, cette persécution s’apparentant dans certains pays « à un quasi-génocide ». Le ministre des Affaires étrangères d’alors, Jeremy Hunt, avait commenté :
« En Occident, le politiquement correct a endormi les consciences. […] Ce que nous avons oublié, c’est que les chrétiens persécutés aujourd’hui n’ont rien à voir avec les colons d’autrefois. Ils sont parmi les plus pauvres et les plus démunis de la planète. »
Les chrétiens, nouveaux « damnés de la terre » ?
François Brousseau est chroniqueur d’affaires internationales à Ici Radio-Canada.
Cest triste.