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Après un mois de confinement, les chiffres sont implacables : le feu de la COVID-19 brûle plus fort au Québec que dans les autres provinces canadiennes. Pourquoi ? Les experts consultés par La Presse sont bien embêtés de fournir une réponse unique, mais avancent plusieurs hypothèses. Tour d’horizon.
[…]Des biais ?
« La première question qu’il faut se poser, c’est : est-ce que la différence [entre le Québec et les autres provinces] est réelle ou factice ? », dit Maryse Guay, professeure au département des sciences de la santé communautaire à l’Université de Sherbrooke.
Pour le nombre de cas, on connaît les biais possibles. Plus on teste, plus on trouve de cas. Comme le Québec est maintenant la province qui pratique le plus de tests, il est peut-être normal qu’on y enregistre plus de cas. La comparaison des nombres de morts est plus compliquée à analyser. Le Dr Richard J. Côté, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), explique qu’au Québec, ce ne sont pas toutes les personnes déclarées mortes de la COVID-19 qui ont passé un test de dépistage. « Surtout lorsqu’il y a éclosion dans des milieux comme on en voit actuellement, les premiers cas sont testés, mais ensuite, on va confirmer les cas par lien épidémiologique », dit-il.
Il a été impossible de savoir si la comptabilisation des morts est faite de la même façon en Ontario.
« Pour savoir si c’est réel ou factice, il faut analyser en profondeur les systèmes de surveillance, ce qui pourrait être fait après la pandémie. Actuellement, personne n’a le loisir de s’y pencher sérieusement », résume Maryse Guay, de l’Université de Sherbrooke. La Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste, responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine, se méfie aussi des comparaisons et met en garde contre des biais possibles.