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Le Parti libéral du Canada (PLC) a pu regarnir ses coffres de 850 000 $ au cours des quatre derniers mois grâce au programme de subventions salariales mis sur pied par le gouvernement Trudeau pour soutenir les entreprises et les organismes sans but lucratif touchés par la crise de la COVID-19.
Le Parti conservateur, qui a aussi décidé de recourir à ce programme, a obtenu quant à lui environ 716 000 $ durant cette période, soit l’équivalent de 179 000 $ par mois entre la mi-mars et la mi-juillet, selon des informations obtenues par La Presse.
Les deux principaux meneurs dans la course à la direction du Parti conservateur, les anciens ministres Peter MacKay et Erin O’Toole, ont promis de rembourser la somme que le parti aura reçue du Trésor fédéral depuis la création du programme s’ils remportaient la victoire le 21 août.
Enfin, le Nouveau Parti démocratique a pu toucher environ 265 000 $ au cours des quatre derniers mois, a-t-on indiqué dans les rangs néo-démocrates.
Le Bloc québécois, qui a décidé dès le départ de ne pas soumettre une demande en vertu de ce programme, s’est dit outré de voir que des sommes importantes aboutissaient dans les coffres des autres formations politiques alors que de petites et moyennes entreprises ont vu leurs demandes de soutien financier rejetées par Ottawa à cause des conditions restrictives du programme de subventions salariales.
Dans une entrevue accordée à La Presse, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a affirmé que ces informations risquaient d’irriter encore plus les Québécois, déjà « très exaspérés » à la suite des révélations concernant les liens étroits qui existent entre les libéraux fédéraux (le premier ministre, Justin Trudeau, et des membres de sa famille ainsi que le ministre des Finances, Bill Morneau) et l’organisme de bienfaisance WE Charity (UNIS en français).
Le Parti libéral du Canada, quoi qu’on dise, n’est pas une organisation en difficulté. Même s’il était en difficulté, ça ne le rendrait pas méritoire d’une subvention salariale de ce type-là. C’est comme si on ajoutait un quatrième scandale éthique à Justin Trudeau et à Bill Morneau dans ce contexte-là.
– Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois
À la Chambre des communes, le Bloc québécois a mené une rude bataille le printemps dernier contre l’utilisation du programme de subventions salariales par les partis politiques. M. Blanchet a interpellé à plusieurs reprises le premier ministre Trudeau à ce sujet durant les sessions hybrides du Parlement.
Au bout du fil, Yves-François Blanchet a réaffirmé sa vive opposition, d’autant qu’il a pu constater, dans le cadre de sa tournée du Québec au cours des dernières semaines, que des entreprises n’avaient pu y avoir recours à cause de critères mal ficelés que le gouvernement Trudeau n’a pas corrigés avant la pause estivale, comme le fait que l’entreprise n’a pas de compte bancaire distinct de son propriétaire ou à cause du statut juridique de l’entreprise.
« Le programme de subventions salariales doit être réservé à des institutions pour lesquelles il y a un enjeu souvent de survie, carrément. Le Parti libéral n’a pas d’enjeu de survie. Le Parti conservateur n’a pas d’enjeu de survie. Le Bloc québécois n’a pas d’enjeu de survie. Pour le Bloc québécois, c’est d’autant plus choquant que jamais on n’a envisagé même d’aller mettre la main dans cette cagnotte », a-t-il soutenu.
« Dans le cas du Parti libéral, ce n’est pas seulement 850 000 $ parce que le boulier continue à tourner. Tant que la subvention salariale va exister, les libéraux vont pouvoir se prévaloir d’environ 200 000 $ par mois qui vont dans la cagnotte électorale. Cet argent pourrait servir à sauver bien des entreprises », a-t-il ajouté en soulignant que le PLC pourrait toucher plus de 1,8 million de dollars en tout d’ici la fin du programme.
Le gouvernement Trudeau a en effet décidé de prolonger le programme jusqu’en décembre. En vertu du programme, la subvention salariale couvre 75 % du salaire des employés, jusqu’à concurrence de 847 $ par semaine. Au départ, une entreprise devait avoir encaissé une chute d’au moins 30 % pour y avoir droit. Ce critère a été modifié en juillet afin de permettre à toute entreprise qui a vu ses revenus chuter à cause de la pandémie d’obtenir un soutien financier.
Le partie est corrompu