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Frédéric Bastien au PQ : Il faut forcer Ottawa à ouvrir la Constitution canadienne

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Au cours de son dernier congrès, les membres du Parti québécois ont clairement exprimé leur volonté de recentrer l’action du parti vers l’objectif d’indépendance. Tout le monde au PQ s’entend là-dessus. La question essentielle est de savoir comment.

La meilleure façon de manquer notre coup serait de se lancer dans une nouvelle séance de palabres. Combien de fois dans le passé, des ténors du parti ont appelé les militants à parler d’indépendance tandis qu’eux-mêmes multipliaient les mots comme souveraineté et pays dans leurs interventions.

Après chaque défaite, nous avons entendu qu’il fallait « mieux expliquer l’indépendance » ou encore que nous devions « sortir, parler, convaincre », pour reprendre une incantation qui était déjà employée quand je militais au PQ dans les années 1980, sans parler des formules comme « les conditions gagnantes », « la gouvernance souverainiste » et j’en passe.

Tout cela nous a condamnés à l’attentisme. On peut bien promettre les meilleures mesures du monde sur des sujets importants comme l’environnement, la santé, l’éducation, pour le Parti québécois rien ne remplacera des propositions concrètes pour réaliser la souveraineté. Si celui-ci n’incarne pas son combat pour la nation de façon tangible, il ne pourra rassembler les nationalistes de gauche et de droite et continuera de vivoter.

En ce qui touche l’indépendance, le geste concret par excellence est la tenue d’un référendum. Il y a dans la population une attente incontournable à ce que notre parti soit clair quant à ses intentions. Bien sûr, on doit parler de souveraineté, mais on doit surtout dire quand se tiendra le référendum pour la faire.

Certains choix sont ici possibles. On peut promettre un référendum dans un premier mandat, une option utilisée lors de notre défaite de 2007 ou prônée plus récemment par Martine Ouellet. On peut aussi se réfugier dans le flou. On refuse de s’engager et, en guise de faux-fuyant, on dit vouloir s’en remettre aux militants et / ou à la société civile. On a vu ce que cela a donné avec Pauline Marois en 2014.

La menace solidaire

La position floue était déjà la pire, mais elle fera encore plus mal au PQ en raison du nouveau discours de Québec solidaire sur l’indépendance. Toujours prompts à s’attaquer aux péquistes, les solidaires plastronnent : ils proposent de poser des gestes de rupture dès leur arrivée au pouvoir.

Par exemple un gouvernement QS empêcherait les institutions fédérales au Québec de fonctionner. Bien sûr, ils ne le feront jamais. D’abord parce qu’ils ne pourraient rien faire pour stopper les fonctionnaires fédéraux se rendant au travail. De plus, l’immense majorité serait en désaccord avec cette approche.

Mais devant un PQ qui se réfugierait dans l’indécision, le fade et le mou, les propositions fantaisistes de QS pourraient suffire à convaincre une partie des souverainistes qui sont toujours péquistes.

Comme je l’ai expliqué dans mon dernier livre, Après le naufrage, le PQ peut se démarquer de QS et des autres partis. Comme il est indépendantiste, il doit s’engager dans la contestation du régime fédéral. Comment ? En forçant une négociation constitutionnelle.

Bien sûr les fédéraux et les autres provinces n’ont aucune envie de parler du statut politique du Québec. Ils savent trop bien qu’une négociation remettrait cet enjeu au centre du jeu et c’est bien la dernière chose qu’ils souhaitent.

Depuis Meech, Charlottetown et 1995, ils n’ont de cesse d’endormir les Québécois en nous disant qu’il faut parler « des vraies affaires ». Mais nous pouvons leur forcer la main. En vertu d’une décision de la Cour suprême datant de 1998, tout ce dont le Québec a besoin pour forcer un nouveau round de négociation est d’une motion parlementaire votée par la majorité de ses députés. Il y aurait alors, suivant le plus haut tribunal, une « obligation faite à toutes les parties de venir à la table des négociations ».

Au lieu de miser sur un référendum dans un premier mandat, le PQ doit donc forcer la main du Canada anglais sur la Constitution tandis que le référendum se tiendrait dans un second mandat. La grande majorité des Québécois est contre le statu quo et contre la loi constitutionnelle de 1982 qui s’applique à nous contre notre gré. Il faut partir de cette situation.

>>> L’article de Frédéric Bastien.

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2 commentaires

  1. Mettre une date sur un referendum ou déclarer que ça ne se passera pas en cours d’un premier mandat mais au cours d’un second ; c’est aléatoirement stupide politiquement.

    C’est un événement qui se produira en cours de mandat ,tel que la contestation de la loi 21 par le ROC et sa cour
    suprême qui sera l’élément déclencheur du referendum sur notre autodétermination.

    L’autodetermination devra éviter de se faire en inclusion des autres peuples qui sont des étrangers au nôtre les (Canadiens/Français ) car c’est contraire au principe du droit international qui stipule que les étrangers ne peuvent s’immiscer dans l’autodetermination d’un autre peuple ce qui est d’une logique absolue .

    Personne ne demande à ses voisins de prendre part à une décision qui concerne sa famille ; pourquoi être illogiquement stupide pour une décisions d’une telle importance ; il n’y a que les cons colonisé qui n’en prennent point acte et qui se réveillent avec une décision contraire à ce qu’ils voulaient.

    Ce principe n’ayant pas été retenu par le PQ et le BQ qui sont des inclusifs a fait perdre notre décision au profit des allophones et anglophones ,ce qui était et est encore la voie privilégiée de ces 2 mélangées défenseurs des intérêts du peuple du Québec .

    Pour ma part je ne participerai jamais plus à ce genre de réferendum multiculturel car c’est aller à l’encontre de l’intéret de notre peuple les Canadiens/Français ; c’est bien le pourquoi d’un tel referendum : l’autodetermination.

  2. Quebec must get back to its Catholic roots

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