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Le financement des collèges et hôpitaux anglophones devrait être réduit au strict minimum

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La légitimité du français au Québec ne va plus de soi. Tout au plus a-t-elle reçu quelques tièdes acquiescements quand une force politique avait entrepris d’en faire un enjeu d’État et pas seulement une affaire d’épanchements existentiels. La force aura été vacillante au point de devenir évanescente, plombée par la lutte acharnée menée contre notre peuple par l’État canadian et ceux qui le servaient et continuent de s’en réclamer, certes, mais surtout effarée de ce que l’expression de la volonté de puissance lui laissait entrevoir. Ottawa a bien saisi la menace. Les démissionnaires s’en sont fait un matériau.

La situation du français donne la mesure du délabrement politique, son déni ne sert depuis des années qu’à produire des monnaies d’échange pour ceux-là qui ont choisi de livrer notre existence nationale au marchandage et à la gestion des conditions d’aménagement de la réduction à l’insignifiance. La logique de folklorisation s’accélère.

Il ne sert plus à rien de répéter que la loi 101 n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Les constats ont été faits mille fois. Les chiffres recommencent à valser grâce aux initiatives de l’OQLF qui tente de toucher terre après s’être laissé dévoyer pour ne pas faire de bruit dans les réunions de fossoyeurs. Le gouvernement Legault veut laisser penser qu’il prend au sérieux la détérioration accélérée de ce qui reste de l’intention de faire de notre langue le cadre normal de la vie.

Le français se porte mal à Montréal. Le français se porte mal au travail partout. Le français est au plus mal dans le monde de l’éducation où son statut, et non pas comme le croient les candides la qualité de son enseignement, laisse craindre le pire. Dès le primaire les enfants se font d’ores et déjà immerger dans le marécage bilingue où l’apprentissage de la langue anglaise sert surtout à leur faire comprendre plus ou moins confusément que le français ne leur suffira pas à se faire un avenir. L’apprentissage d’une autre langue n’est pas présenté comme un ajout, un complément de formation, mais bien plutôt comme un manque à combler. Le martèlement de la culture de masse américaine, la fascination et la servitude volontaire des médias devant l’anglosphère finissent de refouler l’élan vital. Pas étonnant qu’au moment où ces mêmes jeunes abordent la vie adulte ils soient de plus en plus nombreux à vouloir étudier dans les cégeps et universités de langue anglaise. Il est tellement fort l’écho du manque, tellement attirant le clinquant des « winners » que le réseau des études supérieures est en passe de trahir les aspirations qui l’ont fait naître. Une partie de l’élite qu’on y trouve et qu’on y forme s’emploie à draper la honte et la démission dans les idéologies managériales, pompant les fonds publics pour mieux s’éloigner du « petit » Québec indigne de leur talent à rejoindre le conformisme mainstream. On ne reviendra pas sur la servitude des HEC qui voudraient tant se voir américaines, de l’Université de Montréal qui peut engager des gens qui ne parlent pas un mot de français pour gagner quelques points aux classements des palmarès. Les litanies seraient interminables.

Mais il faut revenir sur les choix réels de la politique réelle telle que le défunt projet de loi 61 les a révélés : le gouvernement Legault considère sérieusement octroyer 50 millions de dollars pour l’agrandissement du cégep Dawson. C’est une aberration qui vient refaire le coup du CUSM. Le dualisme du réseau est en passe de consacrer la logique du développement séparé en système à deux vitesses pour tout le monde. On suréquipe et surfinance l’anglosphère à même les ressources nationales pour inverser le rapport majorité/minorité et faire du système anglais le centre de gravité du réseau, le pôle de référence et de légitimation. La domination culturelle est inscrite dans l’architecture institutionnelle et elle se fait de plus en plus forte, de plus en plus arrogante.

Il faut regarder les choses en face. Les voir et dire ce que l’on voit. Et le spectacle institutionnel qui s’offre n’est rien moins que concluant. Le cadre juridique – fusse-t-il rénové de façon radicale, ce dont on ne croit pas le gouvernement Legault capable – ne suffira pas. Parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce qui a fait défaut au paradigme à l’origine de la loi 101 a laissé croître les plus rigides obstacles à l’affirmation et la pérennité du français. Il faut voir ce qui est resté dans l’ombre : la logique du développement séparé, le dualisme institutionnel qui a consacré la concurrence des langues et fourni de formidables outils de résistance à la francisation intégrale de notre société. Ce dualisme soutient des enclaves où il est possible d’échapper à la vie nationale, de s’éprouver comme avant-poste d’une majorité canadian regardant de haut notre existence anachronique.

Il n’est pas normal que le plus gros cégep du Québec soit anglais. Il n’est pas normal qu’une poignée d’institutions collégiales de l’Île de Montréal aient une puissance d’attraction qui sape les bases mêmes de la cohérence du réseau. Les ressources que drainent ces institutions n’obéissent à aucune logique en prise sur la démographie et soucieuse de servir la construction d’une société intégralement française. Elles n’ont rien à voir avec le poids démographique de la minorité anglaise (au plus 8 %) et tout à voir avec une échappatoire pour mieux s’affranchir du défi de vivre et se projeter en français.

Le surfinancement des cégeps anglos les rend certes plus attractifs. Mais surtout il traduit une injustice fiscale qui ne reflète que la politique timorée et la domination culturelle consentie. C’est l’ensemble des cégeps francophones qui souffrent de ce partage inéquitable. Les ressources qui manquent à Sept-Îles ou Rouyn, c’est là qu’elles se trouvent – comme cela vaut pour les hôpitaux qui voient dans le CUSM la figure inversée de leur indigence. Le réseau des institutions de la santé consacre des privilèges : le CUSM a accaparé 50 % des ressources de financement, ce qui ne répond d’aucun critère sociodémographique sensé et encore moins au besoin de former des médecins pour soigner la population d’ici. Il faudra revenir sur cette affaire des hôpitaux anglophones. La spoliation est systémique. La vérité du dualisme institutionnel qu’il faut lire correctement, c’est qu’il n’a rien à voir avec une réponse proportionnelle à la présence anglophone. Il s’agit essentiellement de l’armature sous-jacente au déséquilibre et à la concurrence des langues et à la marginalisation de la culture québécoise.

Les contribuables du Québec financent leur propre assimilation, leurs impôts servent à fragiliser les institutions bâties et conçues pour servir la population de tout le territoire. C’est une tare d’État, une dysfonction entretenue par le refus de s’assumer pleinement et par un aveuglement moralement condamnable. Les institutions anglophones dans leurs proportions actuelles ne tiennent qu’avec le recours à des travailleurs francophones et allophones qui travaillent dans un cadre qui ne répond en rien aux ambitions d’une législation qui voulait faire du français la langue officielle et normale de la vie. Dans le cas des cégeps comme dans celui des hôpitaux, un très grand nombre des usagers ne s’y trouvent que pour contourner ou être aspirés avec plus ou moins de consentement en dehors des ambitions nationales affirmées. On ne reviendra pas sur le collège Champlain de l’Estrie où la très grande majorité des étudiants proviennent du réseau français.

Il faut cesser de financer le choix de s’assimiler. Il faut revoir le financement public et accorder les fonds en proportion du poids démographique et en toute cohérence avec la volonté de construire et développer une société intégralement française. Il ne faut pas interdire le cégep en anglais, il faut couper l’accès aux fonds publics aux individus qui tournent le dos aux institutions du Québec français. Seuls les ayants droit à l’éducation en anglais selon les termes de la loi 101 devraient pouvoir les fréquenter avec le soutien des deniers publics. Les contribuables n’ont pas à soutenir des choix privés qui sapent l’intérêt général. Le libre choix subventionné pour l’enseignement supérieur est une pure aberration. C’est une notion bancale qui pervertit la gestion des fonds publics et laisse se structurer dans l’architecture institutionnelle des contradictions qui condamne le Québec français à s’automutiler pour permettre à ceux et celles qui veulent y échapper de se tailler des zones d’immunité. Nulle part ailleurs pareilles distorsions ne seraient tolérées.

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4 commentaires

  1. Je ne savais pas que le réseau collégiale anglophones est sur financé.

  2. Legault est trop moux pour y remédier la situation.

  3. Cela fait des décennies, comme le font Robert Laplante ou Mathieu Bock-Côté, qu’on déplore le recul du français face au Québec anglais, mais cela, sans jamais le relier à la nature même de l’identité québécoise.

    C’est pourtant nécessaire: le peuple québécois est statutairement constitué de francophones et d’anglophones, ces derniers formant nommément la « communauté québécoise d’expression anglaise ». Parler ici de minorité est un anachronisme, un reliquat d’une époque où le Canada était divisé en deux groupes nationaux comportant des minorités canadiennes-françaises hors Québec et une minorité canadienne-anglaise au Québec. Or, le concept néo-national de « peuple québécois » a balayé tout ça.

    Certes, en regard de la loi fédérale, on parle encore de minorité anglophone au Québec afin de mieux la soutenir, mais cela ne fait plus aucun sens pour l’État québécois. Jamais, le législateur québécois ne mentionne de minorité ou de minorité historique. Les anglophones constituent pour lui une communauté protégée point à la ligne.

    Et si l’État du Québec a fait du français sa langue officielle et qu’il en promeut l’usage, il le fait à la condition expresse que cela ne soit pas au détriment de la « communauté québécoise d’expression anglaise » ou de ses institutions.

    Le Québec qui se construit depuis 50 ans, n’a donc rien à voir avec l’État français de Groulx ou celui de Daniel Johnson père. Ce Québec-là se voulait l’État national des Canadiens-Français. Un État doté de droits particuliers et de prérogatives en raison même de cette dignité. Or, ce Québec-là, les néo-nationalistes péquistes et libéraux l’ont snobé et l’ont bazardé au profit d’un Québec inclusif, officiellement de visage français mais statutairement bilingue.

    C’est pourquoi, en 1977, par la loi 101 elle-même, Québec s’est formellement engagé au respect des institutions anglophones. Et pour cette même raison, l’État a réaffirmé en 2000, par la loi 99, les « droits consacrés » des anglophones. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment l’accès aux services de santé accordé en 1986 : « toute personne d’expression anglaise a le droit de recevoir en langue anglaise des services de santé et des services sociaux ».

    On comprend que, pour le législateur, la « communauté québécoise d’expression anglaise » est formée de toute personne d’expression anglaise. Pas de critère généalogique, pas d’évocation romantique aux conquérants britanniques, pas de minorité historique à 5% ou à 8%, non, rien d’autre que des locuteurs de la langue anglaise. C’est ainsi que, s’il vous plait de parler cette langue, de par la loi, l’État québécois tâchera de vous servir en cette langue.

    Le respect du Québec anglophone, le soutien à sa prospérité et à son rayonnement, sont consubstantiels à l’État profond du Québec postcolonial qui se construit depuis le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand. De fait, il constitue l’un des piliers de la doctrine d’État qu’est le néonationalisme québécois.

    Dans ces circonstances, dans ce cadre légal qui fonde le Québec actuel, comment prétendre vouloir restreindre le financement des institutions anglophones québécoises? Comment affirmer qu’il suffirait de prendre le pouvoir pour le faire? Comment penser renverser 50 ans d’un tel conditionnement?

    Être Québécois, ce ne fut jamais qu’une autre manière, mais plus intime et plus aliénante, de vouloir faire corps avec les anglophones, eux qui, dans le contexte nord-américain, sont les plus attractifs. Ce sont eux les dominants. C’est dire que, devenir Québécois, c’était nous amener à nous angliciser inexorablement. C’était nous amener à fréquenter –et à financer– Dawson et McGill. La CAQ, québécoise jusqu’aux bouts des ongles, ne fait que suivre cette évolution.

    Alors de grâce, Messieurs de l’Action nationale, arrêtez votre cinéma, cessez les effets de toge ridicules. Depuis que la québécitude étouffe la nation canadienne-française, il n’y a plus de « volonté de construire et développer une société intégralement française ». Pourquoi nous tromper ainsi? Pourquoi jouer ainsi les idiots utiles?

    Vous voudriez sincèrement renouer avec cette volonté de naguère? Retrouver un nationalisme véritable?

    Avant toutes choses, il vous faudra avoir le courage de regarder la réalité québécoise pour ce qu’elle est.

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