Bernard Hallet >
Chantal Delsol dépeint avec pessimisme une société occidentale matérialiste et individualiste qui ne veut plus d’enfants. Cette société est donc vouée à disparaître dans une sorte de suicide collectif et social, estime la philosophe lors du colloque sur le suicide organisé à Fribourg les 12 et 13 octobre 2017.
“Le taux de fécondité des pays occidentaux est au plus bas et va inéluctablement entraîner la disparition de la société occidentale”, relève Chantal Delsol. Devant une centaine de personnes, principalement des étudiants, la philosophe française s’exprimait sur le thème “Sociétés infécondes ou la fatigue de vivre”. Elle a dressé avec pessimisme le portrait d’une société où l’individualisme, engendré par une société matérialiste et du confort, qui selon elle l’emporte sur le désir d’enfants et s’engage dans une sorte de suicide collectif et social.
L’enfant, porteur d’éternité
Or, précise la philosophe, les enfants portent en eux l’éternité que nous interdit notre condition humaine. “L’enfant nous engage dans la durée: il est le passage de ce que nous sommes en tant qu’individus limités, à l’éternité de ce que nous sommes”, c’est à dire que les enfants portent en eux la suite de la société et de la communauté humaine, “parce que la société et la culture doivent vivre au-delà de l’homme limité dans le temps”. Citant Cicéron, Chantal Delsol relève qu’un Etat doit être considéré de sorte qu’il vive toujours.
En contradiction avec la procréation, l’amour des biens matériels met à portée de main ce qui suffit à vivre et dispense de faire enfants, estime-t-elle évoquant la dénatalité qui sévit en Grèce en -2 av. J.C.
Une société qui envisage sa fin
“Beaucoup regrettent d’être nés, il est vrai qu’ils n’ont pas choisi de naître, et ne veulent pas d’enfants pour ne pas leur infliger ce qu’ils vivent eux-mêmes”, constate Chantal Delsol. Les individus ne parviennent plus à se projeter dans l’avenir, ne voient pas de raison d’exister dans un monde où ils ne trouvent pas leur place et où ils ne voient rien d’autre que le mal. “La science-fiction de Jules Verne était progressiste, celle d’aujourd’hui est apocalyptique”, explique-t-elle. La société, qui entretient le dégoût de soi envisage sa fin, influencée par l’émiettement du lien, de ses projets et du temps.
Recul du religieux
Autre facteur qui mènerait la société à sa disparition: les phénomènes conjoints du recul de la croyance religieuse et de la contraception. “La spiritualité fait place à la science, contribuant à la suppression de la volonté d’avoir des enfants”. Il y a une désespérance devant la fragilité de l’homme. “Le religieux confère à l’homme une capacité à aimer le monde pauvre et médiocre dans lequel il vit mais, sans le religieux, nous n’en sommes pas capables”.
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