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Trois arguments contre le mariage gai

Philippe Plamondon

À travers les médias sociaux, la célèbre comédienne Anne Dorval a eu la délicatesse de commenter mon dernier billet qui condamnait le communautarisme sexuel, l’électoralisme hypocrite des politiciens et la vente de matériel militaire à l’Arabie Saoudite. Elle a qualifié l’article de « dégoûtant ».

Ce n’est guère étonnant. Le milieu culturel québécois vit trop souvent dans une bulle idéologique à l’abri de l’altérité politique.

Mme Dorval s’exprime avec emphase sur les enjeux sociaux complexes

Pour preuve, le 4 octobre 2014, dans le cadre de l’émission française On n’est pas couché, Mme Dorval s’est vue confrontée à ses préjugés progressistes face aux propos conservateurs de l’écrivain Éric Zemmour. Ce dernier affirmait qu’il est impossible que le Québec soit un pays où l’ensemble de la population acquiesce uniformément à l’instauration du mariage homosexuel. Contrairement à ce qui a été sous-entendu par Mme Dorval et unanimement relayé par la caste médiatique québécoise, j’affirme qu’Éric Zemmour avait vu juste. Une société où l’unanimité ferait loi, surtout sur un enjeu aussi complexe, serait une société totalitaire, ce que le Québec n’est évidemment pas.

Malheureusement, il est bien vrai que la discussion sur le mariage homosexuel n’a pas réellement eu lieu. Collectivement, nous n’avons pas suffisamment discuté des enjeux, peser les pour et les contre, pris le temps de mesurer les impacts d’un tel changement de paradigme. Le mariage entre personnes de même sexe a été accepté comme une évidence et, imposé par une élite politique, juridique et médiatique, a été présenté comme un fait établi sans consultation populaire réelle autre qu’une commission parlementaire.

Le mariage, institution millénaire unissant un homme et une femme afin de perpétuer le lien familial, a été transformé au Québec dès 2004, sans qu’un réel débat de société ne vienne troubler la sérénité béate des législateurs. J’affirme pourtant que le fait d’autoriser le mariage entre personnes de même sexe était une erreur. Soyons clairs, je crois qu’un couple de même sexe devrait bénéficier des mêmes droits qu’un couple hétérosexuel. L’instauration d’une union civile protégeant les droits et les acquis des deux conjoints aurait été la voie à suivre.

Je suis donc opposé au mariage homosexuel pour trois raisons principales.

Premièrement, la tradition du mariage ne fait en aucun cas partie de la trajectoire homosexuelle. L’homosexuel n’a pas à se conformer aux diktats d’une société contemporaine qui voudrait le voir rangé, aseptisé ou banlieuisé. Délivré des contraintes familiales infligées par la domesticité, l’homosexuel est historiquement le porteur d’une forme de génie social qui lui est propre. L’enfermer dans le rôle supplétif de l’hétérosexuel compensatoire, c’est lui faire violence. La fausse tolérance libérale qu’implique la reconnaissance du mariage gai vise, au fond, à enfermer l’homosexuel dans une norme sociale fixe, adaptée au cadre consumériste de notre société contemporaine. L’exceptionnalité homosexuelle, refoulée comme une incongruité historique, est pourtant au centre de la condition gaie. L’homosexuel refusant le fardeau contraignant de la famille nucléaire a bien d’autres choses à s’occuper que de jouer à l’hétérosexuel et de s’enfermer dans une lubie familialiste forcément contraignante et restrictive.

Le mélange du kitch et de la société de consommation

Deuxièmement, le mariage n’est pas la reconnaissance sociale de l’amour réciproque entre deux personnes. Il constitue une institution traditionnelle inscrivant la filiation dans un encadrement stable, garantissant des droits et des devoirs à la mère, au père et aux enfants. Le mariage découle d’un cadre civilisationnel qui dépasse les simples caprices sophistiqués des individus libérés de toute contrainte. Le mariage, c’est l’institution fondatrice de notre civilisation, le noyau autour duquel gravite la vie publique et politique, soit la famille. Changer le sens donné au mariage, c’est donc également changer de civilisation. Il est donc étonnant qu’il n’y ait pas eu de débat plus large sur la question et qu’on ait imposé un changement de cadre civilisationnel sans grande consultation populaire.

Troisièmement, le mariage homosexuel est une revendication communautariste qui ouvre la porte à toutes les dérives propres aux demandes d’accommodements des lobbys religieux. Face aux demandes des fondamentalistes qui militent afin d’obtenir des tribunaux religieux, le mariage homosexuel sert de cheval de Troie aux revendications communautaristes en affaiblissant le référent normatif du mariage. La multiplication des demandes d’accommodements concernant le droit familial s’inscrit tout à fait dans le prolongement du relativisme moral et culturel induit par la reconnaissance du mariage homosexuel. Je rappelle qu’une vision naïve du problème identifierait le mariage homosexuel comme une avancée progressiste contre les demandes d’accommodements des fondamentalistes religieux. Il n’en est rien. En Angleterre, le mariage gai côtoie sans problème les tribunaux islamiques. C’est même au nom de la reconnaissance du mariage homosexuel que les islamistes demandent des « accommodements raisonnables » sur le droit familial, comme en Italie où une association musulmane revendique le droit au mariage polygame en prenant prétexte du mariage entre personnes de même sexe.

Face aux onomatopées prononcées par Mme Dorval comme seule réponse aux propos de M. Zemmour, j’affirme que le Québec n’est pas une société totalitaire où 95% de la population partage l’opinion de la caste d’artistes libéraux et mondialistes. Contrairement à ce que voudrait nous faire croire ce petit clergé postmoderne, la critique du communautarisme sexuel, des demandes d’accommodements religieux et plus largement des préjugés progressistes, s’inscrit légitimement dans le débat public. Le mariage homosexuel – comme tout dispositif législatif – peut être critiqué, voire dénoncé, sans que cela n’entraine une accusation infondée de phobie quelconque. La maturité d’une société se juge à l’aune de la profondeur du débat public et non pas aux accusations d’hérésie proférées par des Croisés bien-pensants qui ne représentent qu’eux-mêmes.

 

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