Alexandre Cormier-Denis >
Le renvoi de Don Cherry du réseau Sportsnet ne devrait pas tant réjouir les médias québécois qui réagissent par simple anglophobie épidermique.
La satisfaction que nous éprouvons à voir un symbole du Québec-bashing et de la haine anti-francophone se faire exclure du paysage audiovisuel canadien ne doit pas nous empêcher de faire une analyse de l’affaire.
Il faut aller plus loin.
L’impossible critique du multiculturalisme
Au fond, qu’a dit de si détestable Don Cherry ?
You people that come here … whatever it is, you love our way of life, you love our milk and honey, at least you could pay a couple of bucks for a poppy.
Don Cherry sur Sportsnet
Rien de bien haineux, ni de bien sulfureux.
Au fond, il critiquait la non-assimilation des immigrés à la culture majoritaire canadienne-anglaise.
Sauf que nous sommes dans le pays qui a fait du multiculturalisme sa doctrine d’État.
Et c’est là où le bât blesse, car il a mis le doigt exactement sur les contradictions du modèle canadien qui encourage les immigrés à garder leurs coutumes d’origines intactes, tout en laissant croire qu’il existe une identité canadienne commune.
Le Canada comme pays postnational
Don Cherry représentait le dernier bastion de ce Canada loyaliste, héritier de l’impérialisme britannique, orangiste, anti-catholique et francophobe. Sa présence à la télé canadienne était une réminiscence folklorique d’un Canada anglais qui n’existe plus.
Symboliquement, son congédiement signifie que le Canada n’est plus le pays des loyalistes ayant perdu la guerre d’Indépendance américaine venus se réfugier au Nord pour poursuivre l’aventure britannique en Amérique, mais bien qu’il est devenu un État postnational – avant-garde de la société mondialiste déracinée – véritable modèle utopique pour tout l’Occident.
Le renvoi de Don Cherry signifie le remplacement du WASP par l’immigré du tiers-monde comme figure centrale du Canada postnational.
Et en s’attaquant à lui, le politiquement correct s’attaque à toute critique de l’immigration massive et du multiculturalisme. C’est une sorte de piqûre de rappel pour les Anglo-Canadiens afin de les forcer à accepter le totalitarisme multiculturel qu’on leur impose par l’immigration massive.
Par ailleurs, la réaction de soutien qu’il reçoit au Canada anglais prouve les limites de la propagande multiculturelle sur les populations anglo-canadiennes. On ne veut surtout pas que la loi 21 donne des idées aux pauvres Canadiens anglais quant au modèle d’assimilation des immigrés.
Demain, nous serons tous minoritaires
Les nationalistes québécois devraient méditer sur ce phénomène au lieu de se réjouir bêtement de son éviction des ondes par simple ressentiment, car demain, les Canadiens anglais – tout comme les Canadiens français – seront minoritaires dans leur propre pays.
Par ailleurs, toutes les populations occidentales sont soumises au même phénomène : l’imposition d’une immigration de remplacement qui aura pour conséquence ultime leur marginalisation démographique.
Il serait temps de sortir des réactions pavloviennes de la gauche souverainiste des années 1970 pour entrer définitivement dans la conscience identitaire qui doit être celle des nationalistes du XXIe siècle.
M. Cormier-Denis,
Très bon article. Vous êtes très perspicace sur ce sujet. L’immigrant est désormais dans l’ensemble du Canada le vrai Canadien car il est le symbole par excellence du multiculturalisme qui définit maintenant le pays.
Et il est vrai que l’on veuille marginaliser autant les Canadiens-Anglais que les Canadiens-Français.
Personnellement, je le ressens bien puisqu’étant Québécois, j’ai en plus de mon sang Canadien-Français de l’Irlandais du côté de mon père et de l’Écossais du côté de ma mère et je vois bien que ce qui autrefois aurait fait de moi un Canadien typique n’a plus cet aspect aujourd’hui.
Il me semble que cette défense des immigrants par l’élite dirigeante agit comme un faire-valoir parce que la classe ouvrière a été pour sa part abandonnée (malgré la propagande actuelle de « pénurie de main-d’œuvre »). Les quartiers ouvriers du centre-ville de Trois-Rivières où j’habite sont en dégradation continuelle depuis au moins trois décennies avec les fermetures d’usines comme la C.I.P. et la Wabasso. Et malheureusement, la classe ouvrière n’a pas grand chose à attendre de la classe dirigeante qui me paraît être entrée dans une phase de décadence.
Je me dis parfois qu’il ne nous reste qu’une chose à faire et c’est de sortir nos chapelets.
Merci encore une fois pour cette article.