Frédéric Bastien >
La Commission sur le développement social et la diversité montréalaise a remis un rapport [p. 627] vendredi dernier qui propose ni plus ni moins de donner le droit de vote aux résidents de Montréal qui ne sont pas citoyens, soit presque 170 000 personnes, sans compter les quelque 35 000 immigrants qui s’ajoutent chaque année à la population de la métropole.
Cette proposition émane d’abord de la bureaucratie diversitaire de la ville, celle qui est chargée par Projet Montréal de nous éduquer à l’ouverture à l’autre car, bien entendu, le parti de Valérie Plante prend pour acquis que les Montréalais sont tous un peu intolérants sur les bords. En l’occurrence c’est le Conseil interculturel de Montréal qui, en 2017, a proposé le premier la mise en place d’ «une citoyenneté urbaine favorisant…la participation des Montréalais.e.s issu.e.s de la diversité à la vie municipale ». Tout cela s’avérait nécessaire afin de respecter un nouveau droit humain fondamental, « le droit à la ville ».
Suite à cette première recommandation, il y a eu tout un travail qui a été fait au sein de l’administration municipale sur la discrimination systémique, un phénomène qui, si je comprends bien, se manifeste notamment par le fait que les gens « racisés » votent moins et participent moins à la politique municipale. Pour combattre cette injustice il importe donc de donner le droit de vote à tout le monde, même ceux qui ne sont pas citoyens.
Il importe de rappeler à la ville qu’être citoyen d’un pays n’est pas une simple formalité administrative, comme le considèrent les partisans du multiculturalisme canadien, très nombreux au sein de Projet Montréal. Devenir citoyen d’un pays suppose appartenir à une communauté de destin et d’histoire. Pour ceux nés ailleurs, la citoyenneté se mérite et se gagne. Elle constitue un privilège qu’on obtient, en ne commettant pas de crime, en apprenant la langue, en assimilant certaines valeurs communes comme l’égalité homme-femme et ainsi de suite. Tout cela prend du temps.
Évidemment les tenants de la diversité voient dans tout cela de la discrimination. Ils ont raison. La citoyenneté sert à discriminer entre ceux qui sont citoyens et ceux qui ne le sont pas. Il s’agit d’un des fondements de l’État-nation dans lequel, entre autres, seuls les citoyens peuvent se présenter ou voter aux élections.
La proposition qui est faite rejette catégoriquement cette vision. Elle relève d’un fantasme qui rêve ultimement d’abolir les frontières et la citoyenneté et qui transformerait le Québec en un méli-mélo mondialiste. Voilà pourquoi je suis convaincu que Valérie Plante, la mairesse qui fait des discours en anglais seulement, qui refuse d’honorer la mémoire de Camille Laurin et qui n’arborait pas le fleur-de-lys de l’Hôtel de ville, y sera favorable. Pour elle Montréal est une métropole multiculturelle bilingue, pas une ville québécoise.
Ultimement c’est le gouvernement caquiste qui décidera. François Legault doit opposer une fin de non-recevoir catégorique à cette idée.