Elena Bolduc
Les derniers débats sur le burkini ont suscité beaucoup d’émotions. D’une part, des musulmanes défendent le port du burkini au nom d’un féminisme islamique porté sur la liberté de choix et, d’autre part, des femmes s’indignent de la banalisation de ce vêtement et désirent le voir disparaître au nom du féminisme et du combat pour la libération de la femme.
Le burkini – symbole d’une conquête islamiste
Le féminisme islamique existe bel et bien, mais sa définition réelle ne correspond pas à l’usage qui en est fait en Occident. En fait, le féminisme islamique s’est développé dans les pays orientaux et vise une modification des rapports hommes-femmes dans le cadre de la religion musulmane. Le féminisme islamique, c’est la tentative de transformer les mœurs islamiques sur la question des femmes. Au cœur de ce combat, nous pouvons voir, à titre d’exemple, les femmes se battre pour le port du bikini au Maroc ou le droit de conduire en Arabie Saoudite. Autrement dit, des femmes musulmanes se battent pour se défaire de certaines contraintes religieuses qui leur sont imposées par un cadre social ultra-conservateur et visent une modification de l’application des normes religieuses afin de pouvoir acquérir davantage de visibilité et de liberté.
Ainsi, ces femmes s’inscrivent dans le combat féministe qui vise une reconnaissance d’égalité entre les hommes et les femmes que ce soit au niveau politique, social, économique ou légal. Qu’en est-il du féminisme défendu en Occident par des femmes musulmanes défendant le port du burkini, du hijab ou du niqab?
Ces femmes musulmanes qui défendent ou adoptent le port du voile ou toute autre pratique relieuse se revendiquent à tort du féminisme. Elles vont à l’encontre du combat que mènent les féministes musulmanes dans leur propre pays. Si les femmes du monde musulman se battent pour acquérir des droits, nos « féministes islamiques » se battent elles, pour que l’application des mœurs islamiques se normalise ici en Occident. Non seulement elles dénaturent le combat féministe, mais en plus elles donnent raison aux prêcheurs radicaux qui peuvent s’exclamer haut et fort que les musulmanes des sociétés occidentales se battent pour porter le voile afin de mieux culpabiliser celles qui oseraient désobéir à l’intérieur des sociétés musulmanes.
De plus, il n’est pas rare d’entendre ces femmes dire que le port du voile est un choix personnel en pensant régler ainsi la question par l’argumentaire libéral fade : « c’est mon choix, c’est mon droit ». Or ce serait faire fi de toute la dimension sociale et religieuse de l’affaire. L’islam signifie soumission.
La soumission à Dieu.
Il n’y a de dieu que Dieu et Muhammad est le Messager de Dieu
L’islam est une religion qui comporte un code de lois dictant la conduite tant dans la vie privée que la vie publique. L’islam est une religion centrée sur l’orthopraxie, soit la nécessité d’avoir une pratique droite de la religion, tandis que la question de la foi occupe une place secondaire. L’interprétation qui est faite par une grande partie des musulmans de la sourate An-Nour (Coran 24 : 31) fait du port du hijab une obligation religieuse. Le port du voile n’est pas présenté comme étant une option pour les femmes musulmanes pratiquantes. Autrement dit, une femme n’a pas le «choix » de le porter ou non, elle ne peut que « consentir » ou non à obéir à la pression sociale qui lui impose le voile.
Il est important de noter la nuance entre le choix et le consentement. Le choix implique une liberté que le consentement ne permet pas. Le refus du consentement, implique une notion de réprimande et de conséquences néfastes pour la femme refusant de se voiler, que ce soit au niveau social, familial ou autre. C’est ce phénomène qui existe dans les banlieues françaises où les jeunes filles non voilées se font insulter et mépriser chaque jour par des hommes musulmans parce qu’elles refusent d’obéir aux normes islamiques.
En encourageant le port du burkini, ces pseudos-féministes participent à la banalisation de la pression islamique sur les femmes musulmanes.
Au Québec, ces femmes musulmanes qui se battent pour le voile, le niqab, le hijab ou le burkini veulent obéir à un code de conduite et à un système de lois qui ne correspondent pas à l’environnement dans lequel elles vivent. Elles consentent au port du voile, mais en même temps clament une liberté d’action qu’elles n’ont pas elles-mêmes au sein de leurs propres familles pratiquantes. En fait, à travers ce type de discours, ce que ces avocates du voile demandent, c’est la liberté de se soumettre à l’ordre moral islamique.
Le prosélytisme est maintenant bon chic bon genre
Enfin, ces femmes musulmanes vont dans le sens contraire de la libération de la femme et du féminisme qu’il soit islamique ou non. En défendant ces pratiques, elles s’affirment davantage dans leur croyance et dans leur identité religieuse. Cette mise en avant de l’appartenance à l’islam accroît la tendance à vouloir isoler les musulmanes de la société majoritaire en considérant que leur code de conduite est totalement distinct de celui de notre société. Cela relève du communautarisme le plus dur. Ce faisant, il n’y a plus d’intégration possible. Il n’existe que leur monde séparé de celui de la majorité, chacun s’isolant dans une société distincte. À terme, l’acceptation sociale des normes islamiques encourage la ségrégation entre musulmans et non-musulmans, comme le prouve le cas de la Grande-Bretagne.
Encourager de telles pratiques au nom du multiculturalisme et de l’« ouverture à l’autre » est une erreur. En défendant le port du hijab, du niqab et du burkini ces féministes ne font que renforcer les différences entre musulmans et non-musulmans, ce qui ne fait qu’accroître le communautarisme et la création de frictions qui engendrent des comportements de plus en plus extrêmes.
Le relativisme culturel est une arme utilisée par les conservateurs musulmans pour pousser leur projet d’islamisation. En défendant le communautarisme islamique, ces féministes se rendent complices d’un projet social misogyne et totalitaire. Ayons l’intelligence de ne pas servir d’idiots utiles à ces messieurs qui veulent tout, sauf le bien des femmes.