Michel Hébert >
Déjà les croassements autour du projet des élites musulmanes canadiennes de faire du 29 janvier de chaque année, le jour dénonçant l’islamophobie.
Le 29 janvier, de triste mémoire, jour de la tuerie à la mosquée de Québec.
C’est notre drame à nous, généralement laissés pour compte dans la marche de l’humanité. Un drame qui avait l’air, dans l’esprit de plusieurs et sans doute dans celui du tueur, d’une revanche sur le Bataclan, sur Charlie Hebdo et les autres massacres commis par les islamistes à travers le monde. Un jeune occidental qui tue des musulmans!
Veut-on se rappeler pour toujours les meurtres gratuits commis par ce jeune dérangé? Dénoncer l’islamophobie ou, en choisissant précisément ce jour-là, culpabiliser une société entière pour un acte sauvage et isolé? Souligner l’islamophobie ce sera aussi affirmer son existence…
Ces questions forcent les partis politiques à s’aligner le long de la fracture divisant profondément le Québec : d’un côté, les nationalistes comme le PQ et la CAQ et, de l’autre, les libéraux et les solidaires, réunis presque ridiculement du côté du Oui multiculturel.
Péquistes et caquistes seront accusés de fermeture, de repli sur eux-mêmes, comme d’habitude. Les reproches ne visent évidemment pas que les partis politiques, Jean-François Lisée ou François Legault, mais le nationalisme québécois en sa nature même, cette increvable bête noire, bien emmerdante pour le Canada et le fameux vivre-ensemble… élucubration multiculturelle qui fait en sorte que chacun vit de son côté…
On peut comprendre les libéraux d’embrasser la cause des musulmans. Ils ne peuvent tout de même pas renier leurs appuis les plus solides, leur parti-pris traditionnel envers l’immigrant, qu’il soit arabe, chinois ou italien.
Tenant à peine sur quelques pilotis dans l’électorat de souche, le PLQ s’agrippe aux plus sûrs de ses partisans. Et à ses convictions profondes, soyons justes.
Et puis, Philippe Couillard, lecteur de Marc-Aurèle, sait bien que «rien n’est plus pénible que de tourner en rond» et qu’il ne sert à rien de risquer quelque futile combat juridique contre la Cour suprême…
Avec Québec solidaire, on peut s’amuser d’une rutilante contradiction. QS, qui se veut tant et tant nationaliste, qui se drape dans le fleurdelysé en vernissant le cercueil d’Option nationale… QS, souvent en porte-à-faux avec la pensée des souchiens du Canada français. Peut-être comptent-ils sur un effondrement de la nation…
Il dit Oui à une journée contre l’islamophobie aussi vite qu’il a dit Oui à la pathétique Commission sur le racisme et la discrimination systémique.
On aurait pu l’entendre mais ladite commission a été passée à la trappe, guillotinée par David Heurtel, le bourreau du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, là où désormais règne le silence…
QS parlant du pays comme un parent lointain qui arrive en retard aux funérailles. Et dire qu’il prendra le pouvoir un jour, envers et contre toutes ses contradictions…
Enfin bref, les partis politiques sont face à face, comme des chiens de faïence, alors que le bon peuple, selon un vox pop vu à la télé fédérale, se montre d’emblée ouvert à l’idée soumise par les musulmans.
Pas besoin de protester très fort, ils sont foncièrement accommodants, les Québécois. Et après des années de valse-hésitation politique, ils en ont marre.
Alors peu importe maintenant leur propre sentiment, l’important, c’est que les autres soient heureux… Et si ça donne un congé de plus dans la convention collective, tant mieux. Ils célèbreront aussi la fête du mouton. En regardant ailleurs au moment de la saignée…
Le Conseil national des musulmans canadiens a donc toutes les raisons d’être optimiste. Il suffira de pousser un peu, à peine pour que l’islam ait sa journée. À Ottawa, il y a un type qui apprécie les appels de ce genre. C’est un «ami» de l’Aga Khan, leader d’une faction de l’islam, qui met son île des Bahamas à la disposition de ses bienfaiteurs. Le monde est petit chez les grands…