Marie-Ève Dumont >
La guerre commerciale avec les États-Unis pourrait se faire sentir très bientôt dans le panier d’épicerie des [Québécois], qui devraient voir plusieurs produits de leur quotidien augmenter.
En riposte aux tarifs imposés par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium canadiens, le gouvernement Trudeau a décidé lui aussi d’imposer une taxe depuis le 1er juillet sur ces mêmes produits, de même qu’un tarif de 10 % sur plusieurs aliments que l’on importe de nos voisins du Sud.
« Ce sont de nombreux produits avec lesquels nous sommes familiers qui sont touchés. Les entreprises qui importent ces produits paient 10 % plus cher qu’avant. Ils essaient donc, à l’heure où l’on se parle, de convaincre les détaillants comme Loblaw ou Walmart qu’ils ont besoin de 10 % de plus pour ces mêmes produits », soutient Kevin Grier, analyste de marché indépendant pour l’industrie alimentaire.
Hausse… ou disparition
L’expert croit donc que non seulement une hausse de prix pourrait être refilée aux consommateurs, mais que des produits pourraient carrément disparaître des tablettes.
« L’an dernier, nous n’avons même pas eu d’inflation au Canada sur les produits alimentaires ; c’était même une déflation. C’est donc énorme pour les entreprises d’essayer de refiler une augmentation de 10 % », insiste M. Grier, qui pense que les effets pourraient se faire sentir très bientôt puisque bien des entreprises ont des stocks pour 30 jours.
Le géant Pepsi Canada a d’ailleurs annoncé aux commerçants une hausse de prix d’un cent sur ses canettes dès le 1er août.
Les produits alimentaires touchés par les tarifs représentaient 3,1 G$ en importation l’an dernier. Le ketchup à lui seul représente 300 millions de dollars par année en importation.
JoAnne Labrecque, professeure en marketing à HEC Montréal, croit que l’imposition de ces tarifs pourrait offrir un tremplin aux produits québécois ou canadiens.
« Cela va dépendre si les consommateurs ont un attachement à une marque, mais certains d’entre eux pourraient vouloir privilégier les produits locaux. Il y a certainement une opportunité pour les entreprises de mettre de l’avant qu’ils sont canadiens ou québécois », estime Mme Labrecque.