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La journaliste canadienne Tara Henley revient dans un article publié le 3 janvier sur les profonds désaccords qui l’ont poussé à démissionner du premier radiodiffuseur public du Canada. Un nouvel épisode dans la controverse sur l’influence du « wokisme » sur les médias nord-américains.
C’est un départ qui fait du bruit dans le monde des médias canadiens. La journaliste Tara Henley a claqué la porte de Radio-Canada, la plus importante radio publique canadienne, manifestement en désaccord avec la ligne « woke » de son employeur, plus précisément dans son traitement des questions liées aux « minorités ». Dans une publication visible sur la plateforme en ligne Substack le 3 janvier 2021, elle s’explique. « Les gens veulent savoir pourquoi, par exemple, les Philippins non-binaires préoccupés par le manque d’expression LGBT dans la langue tagalog sont une priorité éditoriale pour la CBC (Canadian Broadcasting Corporation), alors que les problèmes locaux d’intérêt général ne sont pas couverts. »
Parodie de la presse étudiante
Le texte incendiaire débute par les raisons qui l’ont poussé à prendre la parole : « Depuis des mois maintenant, je reçois des plaintes au sujet de la SRC (Société Radio-Canada, N.D.L.R.) où j’ai travaillé comme productrice de télévision et de radio, et chroniqueuse occasionnelle à l’antenne, pendant une grande partie de la dernière décennie. » Tara Henley avait donné sa démission en décembre 2021. Selon elle, un changement radical a eu lieu au cours des 18 derniers mois au sein du plus ancien service de diffusion du pays. « Travailler à Radio-Canada dans le climat actuel, c’est embrasser la dissonance cognitive et abandonner l’intégrité journalistique », explique-t-elle.
La journaliste avait rejoint en 2013 la prestigieuse rédaction. Elle dénonce le fait qu’en peu de temps, la radio « est passée d’une source d’information fiable à une production d’appâts à clics ressemblant à une parodie de la presse étudiante. »
Profil racial
Travailler à Radio-Canada aujourd’hui revient pour Tara Henley à « prétendre que la vision du monde « éveillée » [woke] est presque universelle – même si elle est loin d’être populaire auprès de ceux que vous connaissez, à qui vous parlez, interviewez et lisez. » C’est aussi « accepter l’idée que la race est la chose la plus importante chez une personne et que certaines races sont plus pertinentes que d’autres dans la conversation publique. » Une critique directe de l’influence de l’idéologie woke et de ce nouvel antiracisme sur la ligne éditoriale.
La journaliste critique en particulier le fait qu’on demande dans les salles de rédaction : « de remplir des formulaires de profil racial pour chaque personne que vous invitez » mais aussi « faire venir plus de personnes de certaines races et moins d’autres. »